Pied de nez aux autres partis: s'il est élu avec un gouvernement majoritaire, le Parti conservateur promet d'adopter sa réforme en matière de justice criminelle dans les 100 jours de sa victoire électorale, soit avant la fin du mois d'août.

Or, c'est entre autres le refus du gouvernement Harper de divulguer les coûts totaux de l'ensemble de ses projets de loi en matière de justice criminelle qui a emmené les autres partis à le déclarer coupable d'outrage au Parlement et à provoquer des élections, dans une motion de censure adoptée par la Chambre des communes il y a deux semaines.

Cette nouvelle promesse doit être contenue dans la plateforme électorale que le Parti conservateur présentera vendredi matin à Mississauga, en banlieue de Toronto. Intitulé «Ici pour le Canada», le document devrait largement s'inspirer du budget fédéral présenté par le gouvernement Harper au Parlement, il y a deux semaines, mais que les partis de l'opposition ont rejeté.

Les troupes de Stephen Harper seront le troisième parti à rendre sa plateforme électorale publique, après le Parti libéral et le Bloc québécois. Le NPD doit présenter la sienne dimanche à Toronto.

Les conservateurs ont annoncé «cinq priorités clés»: création d'emplois, soutien des familles, élimination du déficit, justice criminelle et protection nationale.

«La plateforme propose aux Canadiens un plan prudent avec des taxes et des impôts bas, qui protège et crée des emplois et poursuit la relance économique à la suite de la récession globale», ont écrit des stratèges dans un courriel envoyé aux médias.

Ils tentent ainsi de faire contraste avec ce qu'ils décrivent comme une approche libérale dangereuse, dépensière et financée par des hausses de taxes.

Dans leur plateforme, les engagements du Parti libéral étaient chiffrés à 10,4 milliards de dollars sur deux ans, si l'on ajoute les 2,2 milliards promis par Michael Ignatieff pour le règlement du dossier de l'harmonisation des taxes avec le Québec.

Jusqu'ici, les promesses conservatrices atteindraient quelque 4,5 milliards pour un an, si l'on additionne les nouvelles dépenses annoncées dans le dernier budget et la promesse de Stephen Harper régler le contentieux de l'harmonisation avec la province francophone.

Le Parti conservateur a déjà annoncé qu'il représenterait le même budget, s'il était réélu. Les autres partis ont laissé entendre qu'ils pourraient voter contre, s'il reste inchangé.

Par ailleurs, Stephen Harper a évité les prises de position trop socialement controversées depuis le début de la campagne: il a entre autres affirmé qu'un gouvernement conservateur majoritaire ne rouvrirait pas les dossiers de l'avortement et du mariage entre conjoints de même sexe. Jeudi matin, il a en outre plaidé en faveur d'un système de santé universel et accessible et affirmé que les Canadiens ne souhaitaient pas que des changements drastiques y soient apportés.