Le premier ministre a présenté les excuses de son parti, aujourd'hui, dans le cadre de la controverse des gens exclus de ses rassemblements partisans.

«Si quiconque est gardé à l'extérieur de n'importe lequel de nos événements, nous nous excusons auprès de ces personnes», a-t-il déclaré jeudi à Vaughan, en banlieue de Toronto.

C'est un pas en avant pour le chef conservateur, qui avait jusqu'ici renvoyé la balle à ses employés et affirmé : «Mieux vaut refuser des gens que ne pas être capable d'en attirer».

Plusieurs personnes, en particulier des étudiants, ont publiquement dénoncé le fait de s'être fait évincer ou refuser l'accès aux rassemblements conservateurs au cours des derniers jours, après s'être pourtant inscrits.

La GRC a reconnu mercredi avoir outrepassé son mandat en aidant les conservateurs à ainsi interdire l'accès de ses événements à certaines personnes et a dû rappeler ses agents à l'ordre.

Awish Aslam, une étudiante de deuxième année à l'Université de Western en Ontario, s'est fait montrer la porte d'un ralliement à London, dimanche, au motif qu'une photo d'elle avec Michael Ignatieff se trouvait sur sa page Facebook.

Mercredi soir, dans un reportage diffusé sur le réseau Global, la jeune femme de 19 ans a réclamé des excuses du premier ministre. Le directeur des communications de M. Harper, Dimitri Soudas, l'a appelé peu après pour lui en présenter.



Mme Aslam a accepté ces excuses. Elle a cependant ajouté qu'elle souhaitait toujours savoir qui avait donné l'ordre à la GRC d'agir comme gardiens de sécurité privés.

Pas suffisant, dit Ignatieff

À Laval, où il visitait une résidence de personnes âgées, le chef libéral Michael Ignatieff a jugé que les excuses du premier ministre n'étaient pas suffisantes.

«M. Harper a fait ses excuses envers la jeune femme. Mais il n'est pas question d'une seule jeune femme. Ce dont il est question, c'est toute la relation du Parti conservateur et du premier ministre avec les citoyens du Canada. C'est toute leur philosophie. C'est toute leur campagne», a estimé M. Ignatieff.

«Est-ce qu'il va abolir les contrôles d'identités à toutes ses rencontres? Est-ce qu'il va annuler ses recherches sur Facebook pour vérifier l'identité de tous les gens à ses réunions? Je ne crois pas», a-t-il insisté.

Le chef libéral a aussi déploré que les conservateurs aient blâmé la GRC, qui s'est excusée mercredi, pour l'incident, plutôt que de «prendre la responsabilité de ce qui se passe dans ses rassemblements».

Pas de nouveau pont ni de changements drastiques en santé

Le chef conservateur a annoncé l'élargissement du Compte d'épargne libre-d'impôts (CELI) au cours d'un point de presse en avant-midi.

En réponse à une question, Stephen Harper a évité de s'engager à remplacer le pont Champlain, un geste que son adversaire libéral Michael Ignatieff a promis de poser sur un horizon de 10 ans.

M. Harper a aussi plaidé en faveur du maintien du système de santé actuel, dont il a vanté l'universalité et l'accessibilité.

Il réagissait à un rapport co-signé par l'ancien gouverneur de la Banque du Canada, David Dodge et rendu public hier. Tirant la sonnette d'alarme à l'égard d'un système qu'il a décrit comme étant «malade de dépenses», M. Dodge a affirmé que le modèle n'était pas viable et que des changements majeurs et impopulaires s'imposaient.

«Nous devrions faire très attention quand nous disons des choses comme celles-là à propos du système de santé», a souligné M. Harper.

Ce système «n'est pas sans ses problèmes, a-t-il ajouté. Mais ça assure que les Canadiens puissent avoir accès au système de santé quand ils ont besoin de soins médicaux, qu'ils puissent les payer ou non.»

«C'est quelque chose que notre parti supporte fortement, que nous supportons depuis des décennies.»

Le gouvernement fédéral et ceux des provinces devront renégocier les accords sur les transferts fédéraux en matière de santé au cours des prochaines années.

«La population ne veut pas des changements radicaux de ce système. Elle veut que nous travaillions ensemble pour garder les principes et améliorer la performance du système», a constaté le chef conservateur.

Il a réitéré sa promesse de respecter l'approche asymétrique avec le Québec, si la province souhaite négocier un accord particulier.

-Avec Malorie Beauchemin