De nouveau questionné sur les raisons de l'exclusion de nombreux étudiants de ses rassemblements partisans, Stephen Harper s'est défendu par une boutade, dirigeant les projecteurs vers ses adversaires.

«Mieux vaut refuser des gens que ne pas être capable d'en attirer», a-t-il finalement répondu.

La GRC, de son côté, a admis avoir outrepassé son mandat en aidant le Parti conservateur à bloquer l'accès à des «personnes non inscrites» pour ses ralliements. Elle a dû rappeler ses agents à l'ordre.

Au moins une demi-douzaine de cas ont été signalés depuis quelques jours. À London dimanche soir, une jeune femme de 19 ans s'est fait évincer du rassemblement avec son amie. Elle se serait fait dire par un employé du Parti conservateur que c'était parce qu'il y avait une photo d'elle avec Michael Ignatieff sur sa page Facebook.

Dans La Presse d'hier, une autre jeune femme, Joanna MacDonald, a raconté comment, après s'être préalablement inscrite pour assister au discours de Stephen Harper, à Guelph lundi, on a refusé de la laisser entrer. Un employé du parti lui aurait expliqué que la cause la plus probable était son appartenance au club environnemental de son campus.

Dans ces cas comme dans les autres, les personnes rejetées ont déploré l'incident, expliqué qu'elles n'étaient membres d'aucun parti et qu'elles ne souhaitaient qu'entendre ce que le premier ministre avait à dire.

L'entourage de M. Harper a déjà présenté ses excuses à la jeune femme de London.

La GRC a pour sa part reconnu que ses agents avaient outrepassé leur mandat qui se limite à protéger le chef du parti, en aidant des organisateurs à empêcher des personnes non inscrites d'entrer dans ces rassemblements. «Les agents de la GRC se sont fait rappeler leurs responsabilités», a déclaré un porte-parole dans un communiqué, hier. Le corps policier n'a pas rappelé La Presse.

Questionné à ce sujet depuis deux jours, le chef conservateur est toutefois resté avare de commentaires et il ne s'est pas excusé personnellement.

«Est-ce que votre parti scrute réellement le site Facebook pour trier les indésirables et quelle action prenez-vous par rapport à cela, personnellement?» s'est-il fait demander lors d'un point de presse, hier.

«Je veux transmettre mon message au plus grand nombre de personnes qui sont intéressées à l'entendre», a-t-il répondu. Mais «je ne peux commenter des cas spécifiques et il y a littéralement des milliers de personnes qui viennent à ces événements», a-t-il ajouté.

Harper «exagère»

«Harper exagère la taille des foules à ses ralliements (...) dans une vaine tentative pour détourner l'attention de l'espionnage sur Facebook afin d'éjecter des jeunes électeurs», ont dénoncé les libéraux dans un communiqué.

Au terme d'un discours de Stephen Harper devant quelque un millier de personnes à Ajax en soirée, son entourage s'est vanté aux médias d'avoir laissé entrer tout le monde, «même les personnes non inscrites».

M. Harper est dans la banlieue de Toronto pendant au moins deux jours. Il y courtise entre autres les différentes communautés culturelles. Lors d'une visite d'usine à Markham hier, il a réitéré l'engagement de son parti d'aider les nouveaux arrivants à faire reconnaître leurs titres de compétence étrangers. Cette aide prendrait la forme d'un prêt. «Les détails de ce programme doivent encore être déterminés», a convenu le leader en point de presse.