Jack Layton s'est lancé mardi dans une charge à fond de train contre les conservateurs de Stephen Harper. De passage à Winnipeg, le chef du Nouveau Parti démocratique a mis de côté temporairement une annonce en matière familiale pour dresser une liste de présumés scandales impliquant le gouvernement fédéral sortant.

L'affaire Bruce Carson, un ex-conseiller de Stephen Harper qui a été condamné à cinq reprises pour fraude, figurait notamment sur cette liste.

M. Layton en a profité pour lancer certaines de ses plus dures critiques concernant l'éthique du gouvernement sortant depuis le début de la campagne électorale. Jusqu'à présent, les néo-démocrates avaient surtout parlé des solutions qu'ils proposent pour divers problèmes.

M. Layton a nié qu'il changeait de stratégie pour détourner l'attention à un moment où son parti livre une âpre bataille contre les libéraux pour obtenir la faveur de l'électorat de gauche.

«Je pense qu'avec ces révélations concernant M. (Bruce) Carson, le fait que le gouvernement s'est s'adressé à la justice pour interdire l'accès aux documents sur les détenus afghans et le fait que le rapport de la vérificatrice générale sur le Sommet du G8 est prêt mais pas rendu public, le temps est venu de parler du fait que ce gouvernement n'a pas été sincère et transparent avec les Canadiens», a-t-il affirmé.

Le chef néo-démocrate a également parlé de cas présumés d'expulsion ou d'exclusion d'opposants - ou de personnes perçues comme tel - lors de rassemblements auxquels participait Stephen Harper.

M. Layton a condamné l'idée d'empêcher une personne d'être présente avec Stephen Harper dans un même endroit en raison d'une divergence d'opinion. «Et chaque Canadien devrait s'en inquiéter, et plus particulièrement lorsque les personnes qu'il (Stephen Harper) laisse entrer ont un passé comme celui de M. Carson.»

M. Harper a admis qu'il était au courant que M. Carson avait été condamné pour deux chefs d'accusation dans une même affaire. Il a toutefois affirmé qu'il ignorait que son ex-conseiller avait été reconnu coupable pour trois autres chefs d'accusation dans une deuxième affaire, une révélation qui est survenue dimanche.

Cependant, Jack Layton refuse de croire le chef conservateur et pense que la plupart des Canadiens pensent comme lui. «Les Canadiens ont raison de poser des questions, a-t-il lancé. Quand un autre employé des conservateurs sera-t-il accusé pour fraude, si M. Harper remporte les élections?»

Puis, pour bien mettre l'accent sur cet aspect de son message, M. Layton a répété toute son argumentation en français, alors qu'il a l'habitude d'alterner entre les deux langues officielles dans ses discours.

Le chef néo-démocrate a par ailleurs annoncé des mesures de soutien à la «génération sandwich» - ces personnes qui prennent soin à la fois d'un jeune enfant et d'un parent âgé.

Au cours des 12 derniers mois, un Canadien sur quatre a pris soin, chez lui, d'un membre de sa famille qui était malade.

«Pour plusieurs, il s'agit d'un travail fait par amour, a expliqué M. Layton. Mais cela implique souvent de grands sacrifices.»

M. Layton a notamment promis un programme pour aider les familles à rénover une maison pour accueillir des parents âgés. Il s'est aussi engagé à prolonger les prestations d'aidants naturels du programme d'assurance-emploi, en prolongeant les autorisations d'absence de six semaines à six mois.