Les associations étudiantes espèrent ramener la fiscalisation des bourses postdoctorales au coeur de la campagne électorale.

La mesure adoptée en 2010 par le gouvernement conservateur fait peser de sérieuses menaces sur l'avenir de la recherche au Canada. La rétroactivité aléatoire de l'imposition de ces bourses pourrait faire fuir les étudiants internationaux, soutiennent le Conseil national des cycles supérieurs de la Fédération universitaire du Québec (CNS-FEUQ) et l'Alliance canadienne des stagiaires postdoctoraux (ACSP-CAPS) lors d'une conférence ce matin à Montréal.

Mary Beth Klinger est postdoctorante à l'Unité de recherche en anesthésie à l'Université McGill. Cette étudiante a toutefois eu la mauvaise surprise de recevoir, en janvier dernier, une lettre de l'Agence du Revenu du Canada lui réclamant des impôts sur la bourse qu'elle a reçue en 2009, avant que les conservateurs ne décident de fiscaliser les bourses postdoctorales. «C'est injuste, car je n'ai pas budgeté cette dépense, dit-elle. Je me sens traitée comme une criminelle alors que j'ai tout fait comme on me l'a demandé», dit-elle.

Comme Mary Beth, de nombreux étudiants ont été contactés par l'Agence du Revenu pour des impôts rétroactifs sur les bourses touchées entre 2006 et 2009. Tous les étudiants ne sont pas égaux face à cette mesure, critique la CNS-FEUQ: certains sont contactés, d'autres non, certains sont exonérés, d'autres non. «Il n'y a pas de cohérence à l'Agence du Revenu, constate Lucie Low de l'ACSP-CAPS. Le Canada est un beau pays qui attire beaucoup de travailleurs qualifiés qui ne viendront tout simplement plus.»

Invités par la CNCS-FEUQ et l'ACSP-CAPS, les représentants des trois partis d'opposition ont tous exprimé leur profond désaccord avec la mesure. «Le gouvernement met une date arbitraire sur la rétroactivité, c'est dommageable. Le gouvernement conservateur ne croit pas à la relève, aux étudiants, à la recherche. Ce n'est pas une priorité pour lui», dit Nicolas Dufour du Bloc Québécois.

Le candidat du Parti libéral à Westmount Marc Garneau promet que son parti, s'il arrivait au pouvoir, abolirait la fiscalisation des bourses postdoctorantes tout comme sa rétroactivité. «Le parti libéral pourra agir et annuler cette rétroactivité. Nous nous engageons à le faire », a-t-il dit. Du côté du NPD, on s'engage aussi à ne pas soutenir la rétroactivité de cette mesure, mais on ne s'oppose pas à l'imposition des bourses postdoctorantes. Enfin, le Parti conservateur n'a pas répondu à l'invitation des associations étudiantes.