Stephen Harper s'est dit surpris d'apprendre l'existence d'autres condamnations pour fraude à l'égard de l'un de ses anciens proches conseillers, lundi.

La Presse Canadienne a révélé dimanche qu'avant de devenir analyste politique en chef et conseiller en résolution de problèmes du bureau du premier ministre, Bruce Carson avait été reconnu coupable de cinq chefs d'accusation pour fraude, soit trois de plus que ce qui avait circulé jusqu'à présent. Un juge lui a aussi ordonné de recevoir des soins continus de psychiatrie.

«Je n'étais pas au courant de ces informations. Si je l'avais été, je ne l'aurais jamais employé», a déclaré Stephen Harper en point de presse, en réponse à une journaliste qui lui demandait pourquoi il avait jugé bon de faire confiance à un homme avec une telle feuille de route.

Cette réponse de M. Harper contredit celle de l'avocat de M. Carson, qui a affirmé que ce dernier n'avait rien caché de son passé au moment de son embauche. Il a travaillé au bureau du premier ministre de 2006 à 2008.

Enquête de la GRC

Le bureau du premier ministre a demandé à la Gendarmerie royale du Canada il y a quelques semaines d'ouvrir une enquête sur M. Carson à la suite d'un reportage du Réseau de télévision des peuples autochtones. Le reportage affirmait que M. Carson, âgé de 65 ans, avait peut-être effectué du lobbying illégal auprès du gouvernement fédéral au nom de l'entreprise où travaillait son amie de coeur, une ancienne escorte dans la jeune vingtaine.

Selon les informations qui avaient circulé jusqu'à présent, on savait que M. Carson avait été radié du barreau de l'Ontario en 1981 et purgé une peine de prison pour deux condamnations de fraude à l'égard de clients, dont il aurait imité la signature pour détourner plus de 15 000 $ de leur argent.

M. Carson a aussi déclaré faillite en 1993, après avoir déclaré une dette de 103 000 $. Il a échappé de peu au même sort plus récemment, en 2002. Mais il aurait finalement réussi à s'entendre avec ses créanciers pour régler une dette de 369 000 $.  

Or, des documents obtenus par l'agence de presse indiquent que Bruce Carson a été accusé d'avoir fraudé une entreprise de location de voitures. M. Carson a également été accusé de fraude contre la Banque de Montréal et la Banque TD pour des sommes de plus 1000 $ dans chacun des cas.

En juin 1990, M. Carson a plaidé coupable à ces trois chefs d'accusation et reçu une condamnation avec sursis et une probation de 24 mois, à condition de continuer à se soumettre aux traitements qu'il recevait à l'Hôpital Royal Ottawa et de remettre 4000 $ dans un délai de 23 mois à l'entreprise de location de voitures.

Des employés de la bibliothèque du Parlement, où il travaillait auparavant, ont aussi confié à la Presse canadienne qu'il leur empruntait argent et cartes de crédit.

«Je ne sais pas pourquoi je n'étais pas au courant», a renchéri Stephen Harper.

«De toute évidence, nous allons devoir retourner en arrière et revoir nos systèmes, le bureau du Conseil privé devra revoir ses systèmes pour s'assurer que ces choses soient identifiées», a-t-il conclu.

Réaction d'Ignatieff

De passage à Terre-Neuve, en soirée, le chef libéral Michael Ignatieff a estimé qu'à la lumière de ces nouvelles révélations, les Canadiens ne pouvaient pas avoir confiance en Stephen Harper.

«Est-ce qu'on peut avoir confiance en un premier ministre qui emploie quelqu'un comme Bruce Carson?» a lancé M. Ignatieff.

«C'est un premier ministre qui durcit le ton contre la criminalité partout, sauf dans son propre bureau, a-t-il ajouté. Je suis d'accord avec le fait de donner aux gens une deuxième chance, mais cet homme a été reconnu coupable de fraude pas une, pas deux, pas trois, pas quatre, mais cinq fois. Et il était dans le cercle intime de Stephen Harper.

«Le crime a col blanc, c'est pas seulement Earl Jones. C'est Bruce Carson. Dans le bureau du premier ministre du Canada, c'est inacceptable.»

- Avec la Presse canadienne