«Un sac...» «Un sac...» «Un sac!» La demande était relayée à la chaîne par le personnel de Gilles Duceppe la semaine dernière au marché Jean-Talon.

On a finalement trouvé l'objet pour que le chef puisse y glisser quelques tomates cerises de cultivateurs devant les caméras.

L'épisode du bonnet laitier de 1997 semble bien loin en ce début de la cinquième campagne de M. Duceppe à la tête du Bloc. Le chef connaît les pièges. Cet après-midi-là, il refusait même la tire d'érable que lui offrait un collègue, un brin narquois. Peut-être anticipait-il les images où il aurait ruminé à cause de la tire collante...

La campagne du Bloc est bien sûr la seule qui se limite à une province. Et c'est aussi la seule qui comporte un volet existentiel.

On l'a constaté encore une fois lundi dernier. Il a seulement fallu une question pour que le dévoilement de son thème de campagne - «Parlons Québec» - se transforme en débat sur sa raison d'être.

Pour la première fois, le chef a perdu patience devant les journalistes. «Non, je n'ai pas biffé (le mot souveraineté)», assurait-il, les yeux tout écarquillés. À quoi sert le Bloc? Les réponses de M. Duceppe sont rodées. Depuis le début de la campagne, il jongle selon le contexte avec trois réponses, qui ne s'excluent pas forcément.

Il y a la réponse nationaliste: seul le Bloc défendrait les intérêts du Québec quand ils sont contraires à ceux du reste du pays. Par exemple, quand il défendait Hydro-Québec contre Terre-Neuve et Churchill Falls, ou l'industrie forestière qui serait négligée comparativement au secteur automobile de l'Ontario.

Il y a aussi la réponse des valeurs. Le Bloc se donne un mandat «progressiste», comme l'a dit le chef jeudi matin devant ses militants de Repentigny, où il parlait de solidarité, de filet social pour les aînés et de protection des démunis.

Et enfin, il y a la réponse identitaire. Même si le mot «souveraineté» est invisible sur les pancartes, M. Duceppe en parle souvent, du moins devant ses militants, idéalement avec un «canadian» bien senti pour décrire ses adversaires.

Les esquives de M. Duceppe sont tout aussi rodées. Une question est jugée trop hypothétique? «Si ma grand-mère avait eu quatre roues, c'eût été un tracteur», répète-t-il.

La campagne continue de rouler.