Le chef libéral refuse de parler de «vote ethnique», qualifiant cette façon de faire de «politique de division». Et lors d'un rassemblement partisan dans la région de Mississauga, en banlieue de Toronto lundi soir, Michael Ignatieff en a profité pour attaquer son opposant conservateur sur la question.

Devant une foule de quelques centaines de personnes - dont une bonne partie étaient issues des communautés culturelles -, M. Ignatieff a dénoncé des propos tenus par le chef conservateur, Stephen Harper, la veille à Brampton, une banlieue de Toronto voisine de Mississauga.

Selon le leader du Parti libéral, M. Harper s'y serait adressé à la foule en leur disant: «vous autres».

M. Ignatieff estime qu'il s'agit d'une façon «incroyable de parler des Canadiens».

Le chef libéral a tracé un parallèle avec une stratégie publicitaire préparée par le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, qui ciblait des circonscriptions désignées comme «très ethniques» et qui avait été rendue publique début mars.

Rappelant ses propres origines, Michael Ignatieff - dont le père a immigré au Canada de Russie et dont la mère est canado-écossaise - a lancé à ses partisans qu'ils étaient tous Canadiens, tout comme lui.

Et dans sa seule phrase en français d'une allocution d'une petite dizaine de minutes, le leader libéral a rappelé les propos de l'ancien premier ministre péquiste du Québec, Jacques Parizeau, le soir du référendum sur la souveraineté, en 1995. M. Parizeau avait alors imputé en partie la défaite du camp du «Oui» à «l'argent» et au «vote ethnique».

M. Ignatieff a dit que c'était la dernière fois qu'il avait entendu parler de «vote ethnique».

En matinée, lors d'un point de presse, le chef libéral a déploré l'utilisation de cette expression, plaidant qu'il s'agissait d'un manque de respect envers les communautés visées, qui sont tout aussi canadiennes que les autres.

Selon lui, il est «méprisant de dire aux gens» qu'on cible leur religion ou leurs origines nationales.

Un sikh, un musulman, un hindou ou un tamoul, c'est un Canadien, a tranché M. Ignatieff.

Mais à peine monté sur scène pour s'adresser aux militants venus l'encourager, lundi soir à Mississauga, le chef libéral a lui-même abordé la question du vote multiethnique.

Les partis fédéraux misent gros pour séduire les communautés culturelles et décrocher leurs votes, en vue de l'élection du 2 mai.