«Y a-t-il quelqu'un qui ne sait pas que nous sommes souverainistes?», a lancé lundi matin Gilles Duceppe. Le chef du Bloc a été piqué à vif par une critique sur le slogan de sa campagne électorale, «Parlons Qc». Il se décline en cinq thèmes: «Parlons vérité» ou «culture», «juste part», «régions» et «solidarité». Le mot souveraineté n'y apparaît toutefois pas.



M. Duceppe s'est défendu de reléguer la souveraineté au second plan. Elle est incluse dans chacun de ces thèmes, a-t-il assuré. Le Parti conservateur essaie de récupérer le slogan du Bloc pour ramener le débat sur sa pertinence à Ottawa. «Le Bloc au Québec, c'est parle parle, jase jase, s'est moqué Stephen Harper. C'est leur vrai slogan.»

Une critique qui révèle, selon Gilles Duceppe, une conception réductrice de la démocratie. «Le pouvoir que nous délèguent nos citoyens, c'est de parler en leur nom», lance le chef du Bloc.

Le vote nationaliste

Depuis le début de la campagne, M. Duceppe répète qu'il défend les «intérêts» et les «valeurs» du Québec. Lundi, il rappelait entre autres que la foresterie québécoise aurait été négligée par Ottawa, contrairement à l'industrie automobile ontarienne. Il dénonçait aussi les avantages fiscaux à l'industrie pétrolière, et souhaitait que le fédéral développe une bourse du carbone ou construise un nouveau pont Champlain.

La semaine dernière, l'ancien sénateur fédéraliste Jean-Claude Rivest soutenait que seul le Bloc défend le Québec à Ottawa. «(Le Bloc) a peut-être tous les défauts du monde, mais il a une chose, c'est qu'il parle des réalités québécoises. Il ne le fait pas dans une perspective souverainiste dans 99 % des cas», affirmait-il au Devoir.

Avec ce qu'il fait et promet de faire à Ottawa, le Bloc se comporte-t-il plus en nationaliste qu'en souverainiste? «On ne se cache pas, répond M. Duceppe. Nous sommes des souverainistes et voilà ce que nous défendons. C'est (aux Québécois) de prendre une décision sur la base de ce que nous défendons à la Chambre des communes.» Il ajoute toutefois que «certaines personnes ne sont pas souverainistes, mais veulent quand même que les intérêts du Québec soient défendus à la Chambre des communes.»

Le vote nationaliste est un terreau fertile pour les partis. Selon un sondage CROP réalisé l'année dernière, 58% des Québécois estiment que la souveraineté est une idée «désuète». Mais en même temps, près du deux tiers d'entre eux se définissent comme étant exclusivement québécois, ou québécois avant d'être canadien, selon un sondage révélé en décembre dernier par l'Association d'études canadiennes.

Même si le mot souveraineté n'apparaît pas sur ses pancartes, le chef en parlait lundi devant ses militants à Châteauguay ou à Saint-Lambert. M. Duceppe rappelle en outre que le Bloc a publié huit ouvrages sur la souveraineté dans la dernière année. Dans un d'eux, des entretiens avec Gilles Toupin, M. Duceppe explique que la présence du Bloc a aidé la souveraineté en faisant comprendre qu'il ne s'agissait pas d'un mouvement «d'extrémistes», ni d'un «projet contre le Canada». Le Bloc permettrait aussi aux souverainistes de maîtriser des dossiers qui relèvent d'un gouvernement central. Une expertise dont pourrait bénéficier un Québec souverain. Il y explique aussi que la présence du Bloc à Ottawa lui a permis de participer à des débats comme celui de la Loi sur la clarté.