Humiliante défaite pour l'ex-ministre et ex-sénateur conservateur Michael Fortier, qui tentait de se faire élire pour la première fois hier dans Vaudreuil-Soulanges. C'est la bloquiste Meili Faille qui a remporté la circonscription pour une troisième fois. Selon les résultats partiels disponibles à 23 h 45 hier, M. Fortier avait obtenu un maigre 23 % des voix, moins que les 28 % obtenus par le candidat libéral vedette Marc Garneau dans la même circonscription il y a deux ans.

« Bien entendu, le résultat de ce soir me déçoit », a dit M. Fortier, 46 ans, entouré de sa femme en pleurs et de trois de leurs six enfants. Devant ses partisans, il a félicité son chef, Stephen Harper, pour sa réélection. « J'aurais voulu être avec lui pour un autre gouvernement », a-t-il indiqué, ajoutant qu'il aurait également souhaité que de nouveaux candidats conservateurs soient élus dans la région de Montréal. « Ce sera pour une autre fois », a-t-il lancé.

La victoire de Meili Faille est très nette, avec 42 % des voix en sa faveur au moment de mettre sous presse. « Je suis très heureuse, a dit la gagnante. Ce qui me démarque, c'est ma présence et mon travail sans relâche depuis quatre ans. J'avais raison d'avoir confiance en Vaudreuil-Soulanges. »

Élevée sur une ferme de Rigaud par une mère d'origine chinoise et un père indépendantiste, la bloquiste de 36 ans est très connue dans la circonscription. Son rival avait une feuille de route prestigieuse - M. Fortier, 46 ans, a été avocat et banquier à Montréal et à Londres - mais n'était pas un gars du coin.

Il savait d'ailleurs qu'il allait perdre, a assuré son entourage. « Sa notoriété aurait dû jouer, a dit l'organisateur conservateur Marc Montpetit. Depuis deux ans qu'il est dans le comté, il a fait beaucoup de choses. Mais bon, c'est un étranger. Les candidats locaux ont beaucoup répété qu'il n'était pas d'ici. Ce n'est pas très digne de partis supposément ouverts aux autres. »

Vaudreuil-Soulanges s'ouvre pourtant. Ses fermes laissent rapidement place aux maisons unifamiliales et aux entreprises, si bien que sa population a bondi de près de 20 % en cinq ans pour atteindre 120 000 personnes en 2006, selon Statistique Canada. En plus d'une minorité anglophone (21 %), elle compte désormais 8,3 % d'immigrants. Ses écoles débordent, ses routes sont congestionnées soir et matin, son train de banlieue peine à suffire, autant d'enjeux locaux qui ont été au coeur des préoccupations des électeurs.