Sans surprise, Maxime Bernier conserve la Beauce. Une majorité écrasante d'électeurs ont renouvelé leur confiance envers le député conservateur, signifiant du même coup à Julie Couillard qu'on ne s'en prend pas impunément à un Beauceron.

Au moment de mettre sous presse, M. Bernier avait obtenu 62 % des voix, le candidat bloquiste André Côté 14 %, et le libéral René Roy 10 %.Ce mandat fort pourrait permettre à M. Bernier de chasser pour de bon le parfum de scandale qui lui colle à la peau depuis cinq mois. « Je ne peux pas être déçu. C'est une belle marque de confiance des Beaucerons », a-t-il déclaré.

L'ancien ministre des Affaires étrangères a dû démissionner en mai, après avoir oublié des documents secrets chez son ancienne flamme, Julie Couillard. Il peut maintenant espérer entamer sa réhabilitation politique grâce à l'appui massif que les Beaucerons lui ont accordé aux urnes.

Fera-t-il un retour au cabinet de Stephen Harper ? « Ça, c'est le privilège du premier ministre », a-t-il dit à La Presse.

Pendant la campagne, M. Bernier s'est présenté en « fier Beauceron », porteur des valeurs de « liberté et de responsabilité individuelles » de cette région conservatrice et fédéraliste. Il a évité de répliquer à Mme Couillard, qui a lancé il y a deux semaines une autobiographie dévastatrice pour lui.

Dans son discours de victoire, le député n'a pas évoqué directement ses déboires amoureux. « Vous avez cru en moi et j'en suis très touché, très flatté et très ému », a-t-il dit à ses partisans réunis au club de golf de Beauceville.

« Nous entrons dans une période d'incertitude économique. Nous serons sans doute confrontés dans les prochains mois et les prochaines années à d'immenses défis pour maintenir notre niveau de vie et notre prospérité. Et c'est à ces défis que je vais m'attaquer dès demain matin », a-t-il promis.

M. Bernier aura du pain sur la planche, puisqu'en ces temps incertains, même le miracle beauceron vacille. En cinq ans, la région a perdu 3000 emplois manufacturiers. Les investissements se tarissent ; les exportations aux États-Unis sont de plus en plus rares.

« On est en chute libre au plan industriel », s'inquiète Denis Sylvain, directeur du centre local de développement de la Nouvelle-Beauce. « Le petit Japon du Québec, il est en train de se questionner. »

Lors des élections de janvier 2006, M. Bernier avait obtenu une majorité de 26 000 voix - la plus forte au Québec, avec 67 % du suffrage exprimé.