Pari perdu pour le parti conservateur dans Rivière-des-Mille-Îles, où le candidat-vedette Claude Carignan a essuyé une défaite sans équivoque aux mains du bloquiste Luc Desnoyers.

« J'ai manqué un maudit beau voyage », a lancé le candidat défait, des sanglots dans la voix, en remerciant ses militants.M. Carignan, que plusieurs voyaient comme ministrable, a montré du doigt les politiques sur la culture et les jeunes contrevenants pour expliquer sa défaite.

« Les politiques sur la culture et les jeunes contrevenants ont permis de cimenter le Bloc, a-t-il constaté. Le Bloc manquait de raisons d'être, mais ces politiques sont venues les relancer. Ce sont des politiques intéressantes, mais qui n'ont pas été bien expliquées », a-t-il dit.

« Le message a été noyé par les artistes, entre autres, et le Bloc a touché aux fibres sensibles des Québécois. Mais ce n'est pas vrai que les raisons d'être des Québécois c'est d'être dans l'opposition », a-t-il continué.

M. Carignan a par la suite déploré la « démagogie » qui s'est installée dans la campagne, entre autres lorsque le Bloc a affirmé que le Parti conservateur voulait rouvrir le débat sur l'avortement.

Un proche des fondateurs de l'ADQ, M. Carignan était l'un des candidats ouvertement nationalistes recrutés par le Parti conservateur. Une source adéquiste avait déjà confié à La Presse que s'il était élu, il deviendrait l'interlocuteur privilégié entre le Parti conservateur et l'ADQ.

Ce ne sera pas le cas. C'est le bloquiste Luc Desnoyers, directeur québécois du syndicat des Travailleurs canadiens de l'automobile, qui a remporté hier la circonscription.

Au moment de mettre sous presse, M. Desnoyers avait remporté 10 620 voix, plus du double des 4417 voix récoltées par M. Carignan.

À l'hôtel Imperia de Saint-Eustache où s'étaient réunis les conservateurs, la première réaction des militants n'a pas été la déception, mais l'incrédulité.

« C'est une erreur, c'est trop tôt », a-t-on lancé avec assurance lorsque la bannière « réélu » est apparue à l'écran géant.

Une rumeur s'est même répandue : celle que les bureaux de vote de Saint-Eustache, principale ville de la circonscription, n'avaient pas encore été dépouillés. C'est que M. Carignan est maire de Saint-Eustache depuis huit ans et y jouit d'une popularité plus élevée que dans le reste de la circonscription.

Mais devant l'avance insurmontable du bloquiste, il a bien fallu se rendre à évidence. Le silence a gagné la salle et les visages se sont allongés.