Il n'a pas récolté autant d'appuis que prévu, mais Gilles Duceppe a crié victoire, ce soir. Car avec les deux-tiers des députés du Québec élus ou en voie de l'être au moment de mettre sous presse, il estime avoir rempli sa mission : barrer la route à Stephen Harper.

Tout au long de la campagne, le chef du Bloc a présenté son parti comme le seul à pouvoir empêcher les conservateurs de diriger le pays à leur guise pour un plein mandat.« Nous avons atteint notre objectif ce soir, a-t-il clamé après avoir remercié ses supporters. Sans le Bloc québécois, Stephen Harper formerait un gouvernement majoritaire. »

La foule de 250 militants rassemblés au Medley a vécu quelques moments d'anxiété, mais la bonne humeur avait repris ses droits en fin de soirée. Les applaudissements fusaient chaque fois que les écrans géants faisaient état d'un nouveau candidat bloquiste élu. Le chef a été accueilli en triomphe peu avant minuit.

« La démocratie a parlé : pour les Québécois, c'est clair que le Bloc est très pertinent », a-t-il lancé, répondant aux attaques lancées en début de campagne par le Parti conservateur.

Gilles Duceppe s'est engagé à représenter tous les Québécois à la Chambre des communes, peu importe qu'ils soient fédéralistes ou souverainistes. Il a également appelé les partis à mettre de côté l'esprit partisan des dernières semaines pour que la Chambre des communes fonctionne rondement.

Recul des suffrages

Les derniers sondages laissaient entrevoir un véritable raz-de-marée bloquiste le soir de l'élection. Encore la semaine dernière, une enquête réalisée pour La Presse accordait 42% des intentions de vote au parti. Le Bloc a toutefois connu un recul de quatre points dans les suffrages par rapport à son score de 2006, obtenant 38% du vote.

Le député Bernard Bigras, réélu dans Rosemont-Petite-Patrie, n'était pas déçu du résultat. Mais il admet que la lutte a été féroce.

« Ce qui compte, c'est le résultat net, a-t-il indiqué. On maintient le même nombre de députés qu'à la dernière élection, à un siège près. »

Le Bloc avait bon espoir de regagner du terrain dans la région de Québec, mais seul Pascal-Pierre Paillé a réussi à se faire élire dans Louis-Hébert. Le parti visait aussi les deux sièges perdus aux mains des conservateurs au Saguenay-Lac-Saint-Jean, dont celui du ministre Jean-Pierre Blackburn. Là encore, le Bloc a fait chou blanc.