Stephen Harper a mis le point final à sa tournée éclair du Québec dimanche par un nouvel appel aux Québécois afin que ces derniers envoient à Ottawa des députés qui puissent avoir leur mot à dire au gouvernement.

Pendant près d'une heure, le chef conservateur a beaucoup parlé d'argent, des réalisations de son gouvernement au Québec et de ce qu'il appelle l'inutilité du Bloc québécois aux Communes.

Le message de M. Harper dans cette région clé du Québec, où il a fait élire la majorité de ses dix députés en 2006 est en gros contenu dans ces trois phrases de son discours : «Les libéraux vous donnent une taxe sur le carbone. Le Bloc ne vous donne que des critiques des autres partis. Nous, on va investir des milliards de dollars pour stimuler les secteurs clés de l'économie du Québec et du Canada!»

Le chef conservateur a pour ainsi dire livré le même discours que celui de ce matin à Saint-Tite.

Le passage de Stephen Harper dans cette région était crucial pour son parti puisque plusieurs des sièges conservateurs de la région sont sérieusement menacés par les candidats du Bloc québécois. Or, les partisans qui se sont rendus au Centre de foires de Québec étaient beaucoup moins nombreux que prévus, soit environ 600 personnes. À l'extérieur, quelques dizaines de manifestants ont réservé un accueil hostile à M. Harper. La grande salle où ce dernier a pris la parole avait été réarrangée avec des draperies afin de donner l'illusion qu'elle était comble. Et le député Jacques Gourde, de la circonscription de Lotbinière-Chutes-de-La-Chaudière, n'a rempli qu'un seul des huit autocars qu'il avait réservés pour amener ses partisans à Québec, selon le témoignage d'un journaliste de la région.

M. Harper, dans une ultime tentative pour se rallier le vote du Québec mardi, a rappelé toutes les réalisations de son gouvernement depuis deux ans et demie, en particulier le règlement du déséquilibre fiscal.

«On l'a réglé parce que nous, les conservateurs, on pratique un fédéralisme d'ouverture, pas le fédéralisme centralisateur de Stéphane Dion.»

Stephen Harper s'est alors réclamé de la lignée de l'un de ses plus illustres prédécesseurs.

«Notre fédéralisme d'ouverture ne date pas d'hier, a-t-il dit. Il date de près d'un siècle et demi, lorsque George-Étienne Cartier et ses collègues conservateurs ont créé notre fédération en s'assurant que les provinces aient des compétences exclusives. Et moi, Stephen Harper, je suis dans cette lignée des chefs conservateurs.»

Le Canada aura «probablement» un gouvernement minoritaire, soit conservateur, soit libéral, a encore affirmé M. Harper. «Soit un gouvernement conservateur qui va baisser les taxes et les impôts, maintenir l'équilibre budgétaire et suivre un plan économique réaliste, a-t-il ajouté. Soit un gouvernement libéral qui va imposer une nouvelle taxe sur le carbone, retourner en arrière à l'époque des déficits et nous plonger en récession. Mais que le gouvernement soit formé par les conservateurs ou les libéraux, au lendemain de l'élection, les députés du Bloc, eux, seront comme toujours dans l'opposition.»

C'était la cinquième visite du chef conservateur au cours de la campagne. Il a été accueilli à Québec par l'ensemble de ses candidats de la région et huit députés dont Josée Verner et Maxime Bernier. Ce dernier a d'ailleurs été l'un de ceux qui ont été les plus applaudis par la foule.

Tous ces députés et candidats ont brièvement pris la parole avant l'arrivée de leur chef pour dénoncer «la campagne de peur de Gilles Duceppe» et pour soutenir que le temps n'était plus «aux anciennes chicanes». «Le pays n'a jamais été aussi uni et ça c'est grâce au fédéralisme d'ouverture de Stephen Harper», a lancé l'un deux. «M. Duceppe, les régions du Québec n'embarquent pas dans votre galère», a mis en garde un autre. «Nous voulons être assis à la table des décideurs», a enchaîné un dernier.

«Notre pays a été fondé il y a quatre cents ans, en français, ici, a rappelé Stephen Harper. En 2006, on a écrit un page. On a mis fin à la corruption des libéraux, ici. J'ai commencé cette campagne, le 7 septembre dernier, ici.»

Pour le chef conservateur, les dés sont maintenant jetés au Québec. Il ne lui reste plus qu'à attendre le verdict des urnes. Sans des gains importants dans la province, le Parti conservateur ne saurait espérer former un gouvernement majoritaire.

M. Harper se dirige maintenant vers l'Île-du-Prince-Édouard où il compte ébranler le château-fort libéral là-bas. Demain, il fait une escale à Fredericton au Nouveau-Brunswick pour ensuite traverser le pays jusqu'à Vancouver où il souhaite mener une dernière bataille.