Stephen Harper a entrepris samedi une offensive de la dernière chance au Québec en tentant de convaincre les Québécois de se rallier à son parti mardi prochain afin d'avoir une place à la table gouvernementale.

«Faites en sorte que le Québec cesse d'être isolé dans une période d'instabilité économique mondiale! Faites en sorte que l'on puisse ensemble construire un Québec plus fort dans un Canada meilleur», a supplié le chef conservateur samedi après-midi en présence de quelque 300 partisans réunis dans un hôtel de Longueuil.

Le message de M. Harper est d'autant plus pressant que le chef conservateur avait déjà réitéré samedi matin, à London en Ontario, qu'il ne s'attendait pas à former le 14 octobre un gouvernement majoritaire.

L'effondrement progressif de ses appuis au Québec depuis le début du mois l'a ainsi poussé à passer à une vitesse supérieure pour maintenir ses acquis dans la province. Des sondages estiment en effet qu'au moins cinq des onze sièges détenus actuellement par les conservateurs sont menacés.

Pas étonnant que Stephen Harper ait mis toute la gomme samedi pour dépeindre son principal adversaire au Québec, Gilles Duceppe, comme le pire des choix pour les Québécois, reprochant surtout au chef bloquiste de tenter de le diaboliser.

«Durant cette campagne, le chef du Bloc m'a traité de tous les noms, a affirmé M. Harper. Il a littéralement passé à travers le dictionnaire. Pas Le Petit Robert, Le Grand Robert... Pour le chef du Bloc, je suis le diable en personne. Le diable qui va vous amener droit en enfer.»

Aux journalistes, M. Harper s'était également plaint à London le matin même des propos de Gilles Duceppe à son égard.

«Ce n'est pas parce que quelqu'un vient de l'Alberta qu'il est automatiquement le valet des pétrolières, a-t-il dit. Ce n'est pas parce que quelqu'un est conservateur qu'il est George Bush. C'est comme dire que tous les Québécois sont des producteurs de sirop d'érable.»

Le chef conservateur s'est alors employé à brosser un long tableau des réalisations de son gouvernement afin de satisfaire les demandes du Québec. Il a rappelé qu'il avait fait preuve d'ouverture envers les Québécois et que son gouvernement respectait les champs de compétence des provinces, qu'il avait reconnu la nation québécoise, donné un place au Québec à l'Unesco et réglé le déséquilibre fiscal.

«C'est le Bloc qui a une majorité de sièges à Ottawa depuis maintenant 18 ans et qui ne propose rien pour protéger l'économie du Québec, a-t-il dénoncé. Rien du tout. Le Bloc n'a aucun plan pour traverser cette période d'instabilité mondiale. Le seul plan qu'il a, c'est de dire aux Québécois qu'ils ne devraient jamais faire partie du gouvernement. (...) Les candidats du Bloc demandent un mandat de grève. Nos candidats veulent un mandat de travail!»

Stephen Harper a tenté aussi de s'expliquer sur ses politiques concernant la culture et la justice. C'est en partie en raison de coupes de 45 millions de dollars dans le domaine de la culture et de politiques plus coercitives envers les jeunes contrevenants que les conservateurs ont perdu tant de plumes au Québec depuis le début de la campagne.

«Comprenez-moi bien, a-t-il dit. Ces changements visent les crimes très violents, commis par des récidivistes. (...) Parce que nous croyons qu'il faut avoir autant de compassion pour les victimes que pour les criminels.»

M. Harper a affirmé qu'en culture aussi ses adversaires ont fait preuve de démagogie, que certains groupes ont fait tellement de bruit, a-t-il dit, que les Québécois ont eu du mal à entendre son message. «Notre gouvernement a augmenté le financement dans le domaine de la culture de 8% par rapport à 2005», a-t-il insisté.

Les libéraux de Stéphane Dion ont aussi écopé, mais surtout en Ontario samedi matin à London et à Guelph. M. Harper a martelé que Stéphane Dion n'apporterait rien d'autre aux Canadiens qu'une taxe sur le carbone qui, dans cette période d'instabilité économique, entraînera le pays en récession.