Une majorité de profs estiment que les bulletins des élèves tels qu’ils sont à l’heure actuelle doivent être revus et disent manquer de temps pour enseigner correctement le français, révèle une consultation menée par la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) dévoilée vendredi matin.

Les élèves trop évalués

Le bulletin tel qu’il est actuellement doit changer, estiment plus de 82 % des profs du préscolaire, du primaire et de l’adaptation scolaire. Cela pourrait être fait, par exemple, en diminuant le nombre de compétences que les profs évaluent dans chaque bulletin et le nombre de bulletins remis chaque année, dit Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement. « Ce que veut savoir le parent, c’est comment va son enfant », estime-t-elle.

Qui plus est, près de 80 % des profs sondés par la FSE trouvent qu’il y a trop de temps en classe qui est passé à évaluer les élèves et que cela a des répercussions sur le temps qui est consacré aux apprentissages. « On veut passer plus de temps à enseigner qu’à évaluer », ajoute Mme Scalabrini.

À la fin de 2022 et au début de 2023, le syndicat a consulté jusqu’à 7000 de ses membres sur bon nombre de thèmes, et des discussions sur ceux-ci auront lieu vendredi dans le cadre d’un colloque tenu à Laval. Les syndicats ne « font pas que se mêler de conventions collectives », ils parlent aussi de pédagogie, indique la présidente de la FSE.

Manque de temps pour enseigner le français

La qualité du français chez les jeunes Québécois a été au cœur de bien des discussions dans les derniers mois. Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a promis au début de 2023 de « s’en occuper ». Comment ? Chez les profs du primaire, 60 % disent que le temps d’enseignement est insuffisant pour couvrir le programme de français et une plus forte majorité (70 %) juge que le programme de français doit être revu.

« Ça rejoint une idée qu’on défend depuis des années : il faut un temps minimum prescrit quand il y a un cours obligatoire dans un programme », dit Josée Scalabrini. « On a accepté au fil des années de couper plein d’heures aux cours, parce qu’il y a des projets sélectifs, d’autres priorités pour l’école… », illustre-t-elle.

Former les profs non qualifiés

En contexte de pénurie, de plus en plus d’enseignants débarquent dans les écoles sans avoir obtenu leur brevet au terme d’une formation universitaire. La très grande majorité (96,7 %) des profs qui ont ce permis d’enseigner aimeraient que les centres de services scolaires soient obligés d’offrir une formation pédagogique « de base » aux gens non légalement qualifiés.

Ces nouveaux venus amènent « une surcharge de travail épouvantable » pour les enseignants qualifiés, dit Mme Scalabrini. « Ce serait la moindre des choses qu’on vienne les accompagner », ajoute-t-elle.

Des idées pour retenir les profs

Environ le quart des enseignants quittent la profession après moins de cinq ans dans les écoles. Qu’ils soient en début de carrière ou pas, comment convaincre les profs de rester ? Il faut travailler sur la composition des groupes d’élèves, la surcharge de travail, et s’attaquer au manque de soutien et d’accompagnement pour les élèves en difficulté, ont répondu en priorité les membres de la FSE.

Les « aides à la classe » seront bienvenues

Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, souhaite ajouter dans le réseau scolaire 4000 « aides à la classe », des personnes qui viendraient soutenir le travail des enseignants. Cette idée ne se bute pas à beaucoup d’opposition chez les syndiqués de la FSE. Neuf profs sur dix aimeraient être soutenus « au quotidien dans l’exécution de tâches non pédagogiques ».