(Québec) Après avoir renoncé à livrer dans les temps les 2600 classes de maternelles 4 ans – un engagement phare de la CAQ pour lequel le premier ministre a mis son siège en jeu en 2018 –, François Legault affirme que « à l’impossible nul n’est tenu » et espère maintenant compléter son engagement « le plus vite possible ».

« Je souhaite que le plus vite possible, tous les parents aient accès aux maternelles 4 ans », a affirmé le premier ministre en se rendant au Salon bleu, mercredi. « Maintenant, comme me dit souvent mon épouse : à l’impossible nul n’est tenu. Donc, on va essayer de le faire le plus rapidement possible, mais il faut quand même tous comprendre qu’on a une pénurie d’enseignants », a-t-il ajouté.

Mardi, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a annoncé lors d’une entrevue à TVA qu’il repousse la livraison de 2600 classes de maternelles 4 ans à 2029-2030, c’est à dire à un présumé troisième mandat de la Coalition avenir Québec.

Le ministre caquiste a justifié ce report en utilisant les mêmes arguments qui avaient poussé son prédécesseur à ralentir la cadence, dans le dernier mandat : rareté de la main-d’œuvre au sein du personnel enseignant et rareté d’espaces dans les écoles pour ouvrir ces classes.

« On est rendu à 1600 [classes de maternelles 4 ans au Québec]. L’objectif est de 2600. Il en manque à peu près 1000. Au lieu de dire qu’on va créer 1000 [classes] d’ici 2025, on se rend compte que de dire ça, ça serait irresponsable. Donc, on va l’étaler dans le temps », a-t-il justifié mardi.

Le premier ministre a fait valoir que son gouvernement n’a pas le choix de « tenir compte de la réalité » de pénurie de main-d’œuvre dans le secteur de l’éducation. « Il y a une pénurie. Je ne suis pas dogmatique, je suis pragmatique. Donc, j’ai toujours l’intention d’offrir à tous les parents qui le souhaitent l’accès à la maternelle 4 ans », a-t-il expliqué en mêlée de presse.

Le premier ministre a repris les mêmes propos au Salon bleu alors qu’il a été talonné par l’opposition sur sa décision de reporter l’échéancier.

« Aujourd’hui, c’est un aveu d’échec », a lancé le chef intérimaire du Parti libéral, Marc Tanguay.

« M. Drainville a vu la lumière. C’est juste dommage qu’avant lui, M. [Jean-François] Roberge ne l’ait pas vue et c’est surtout dommage qu’au départ de tout ça, François Legault ne l’ait pas vue », a fait valoir de son côté le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.

Le député péquiste Pascal Bérubé a rappelé que le « choix des familles » demeure les CPE. « Le premier ministre a mis son siège en jeu pour les maternelles 4 ans. Alors est-ce que son siège est en jeu aujourd’hui ? Ça n’a jamais été une bonne idée, les maternelles 4 ans », a-t-il ajouté.

Mercredi, François Legault a lui aussi vanté le modèle des CPE. « Les parents d’enfants de 4 ans qui aiment mieux les CPE parce que les CPE sont ouverts 12 mois par année, les heures d’ouverture même le jour sont plus longues, il y a aussi d’excellentes éducatrices dans les CPE. Mais quand les enfants ont des difficultés d’apprentissage, les maternelles 4 ans dans une école primaire où il y a des orthopédagogues… Je trouve que c’est une bonne idée », a-t-il précisé.

La création de maternelles 4 ans est une promesse phare de la CAQ. En 2018, lors de la campagne électorale qui a mené François Legault à devenir premier ministre pour la première fois, il avait mis son siège en jeu en promettant qu’il réaliserait sa promesse d’offrir la maternelle 4 ans à tous les enfants du Québec.

Cette promesse a toutefois évolué tout au long du premier mandat. Elle est passée de 5000 classes ouvertes d’ici 2023-2024 à 2600 classes d’ici 2025-2026. Avec la dernière mise au point faite mardi, la CAQ revoit à nouveau cette cible et promet désormais de la réaliser quatre ans plus tard.

Avec Hugo Pilon-Larose, La Presse