Même si la Coalition avenir Québec (CAQ) est au pouvoir depuis 2018, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, explique la pénurie d’enseignants légalement qualifiés par les années d’austérité du gouvernement libéral de Philippe Couillard. L’actuel chef de l’opposition officielle, Marc Tanguay, reconnaît que « si c’était à refaire, on aurait pu faire différemment ».

M. Drainville réagissait jeudi au reportage de La Presse1, qui dévoilait que le centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) cherche activement des profs non légalement qualifiés (qui n’ont pas leur brevet d’enseignement) pour enseigner à des élèves à risque de décrochage. Ces postes sont généralement réservés à des orthopédagogues.

Le ministre de l’Éducation a cité une entrevue donnée à Radio-Canada par l’ex-ministre des Finances du Québec, le libéral Carlos Leitão. Ce dernier a récemment exprimé des regrets concernant les restrictions budgétaires imposées sous sa gouverne au secteur de l’éducation.

« En éducation, on aurait dû être un peu plus modérés. […] Si c’était à refaire, en éducation, je pense qu’on serait allés plus lentement », a-t-il dit à la société d’État.

Aux yeux de Bernard Drainville, les problèmes qui se succèdent depuis dans les écoles découlent de ces restrictions budgétaires. Le budget en éducation a retrouvé une croissance soutenue avec l’arrivée de la CAQ au pouvoir, en 2018, a-t-il ajouté. Quand ces investissements porteront-ils fruit ?

« On va régler [les problèmes] le plus tôt possible », a-t-il dit. Le ministre caquiste a ensuite cité ses sept priorités en éducation, qu’il a annoncées lors du caucus de son parti à Laval, la semaine dernière, comme étant des solutions au problème de pénurie d’enseignants. Il mise entre autres sur une formation accélérée pour obtenir le brevet d’enseignement et sur de l’aide en classe afin de rendre la profession plus attrayante.

Tanguay prend un pas de recul 

En point de presse jeudi, le chef libéral par intérim, Marc Tanguay, a reconnu que son parti aurait pu faire les choses différemment lorsqu’il était au pouvoir, de 2014 à 2018.

« Maintenant, le gouvernement Legault va déposer son cinquième budget. Le ministre Drainville, on en parlait tantôt, ses sept priorités. Pas de plan, pas de chiffres, pas clair », a ajouté M. Tanguay.

Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a pour sa part affirmé que « ce qu’on voit en ce moment, c’est le bilan de la CAQ en éducation ».

« Ma collègue Christine Labrie, dès les premiers mois du premier gouvernement Legault en 2018, a levé tous les drapeaux rouges qu’elles avaient pour dire : il y a une pénurie qui s’en vient, il faut la mesurer, il faut prendre tout de suite des mesures. À l’époque, le ministre de l’Éducation, dans son jovialisme habituel, a dit : “Ah ! Ça va être correct, ça ne sera pas trop pire.” Ils ont fait très peu. Les résultats, on les a devant nous », a-t-il dit.

Pascal Bérubé du Parti québécois estime de son côté qu’il faut rendre la profession d’enseignant attrayante et donner de l’aide aux profs en classe.

1. Lisez l’article « Enseignants non qualifiés recherchés »