Le département de psychiatrie de l’Université de Montréal doit corriger ses lacunes en offrant un encadrement plus adéquat à ses étudiants et des milieux de travail plus sûrs tant pour ses résidents que pour ses professeurs, a appris La Presse. C’est le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada – l’organisme chargé de certifier les programmes de formation médicale au pays – qui réclame ces changements d’ici le printemps 2024.

En entrevue, le DFrançois L’Espérance, directeur du département de psychiatrie, explique qu’il ne redoute pas une fermeture de programme, mais que des améliorations doivent être apportées. Certaines sont plus compliquées que d’autres à mettre en œuvre parce qu’elles concernent, fait-il observer, un grand nombre d’acteurs et d’établissements, à savoir tous les hôpitaux où les étudiants font leur résidence.

Les hôpitaux sont surchargés, en particulier les urgences, « et de plus en plus de gens arrivent en crise ou [avec les facultés affaiblies] », rappelle le DL’Espérance.

Les demandes en matière de sécurité qui sont exprimées par le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada peuvent avoir trait à des améliorations physiques, par exemple « des salles d’examen à deux portes ou des boutons de panique géolocalisés à porter sur soi », affirme le Dr L’Espérance.

Pour arriver à des correctifs en cette matière, « on est en discussion avec les hôpitaux », explique le DL’Espérance.

Il précise que lors de ses visites d’agrément, le Collège royal rencontre les dirigeants de programme, les résidents et les professeurs. À son avis, l’agression subie par un psychiatre en 2019 dans un hôpital a marqué les esprits et a certainement teinté aussi bien les préoccupations des personnes rencontrées que les exigences accrues en matière de sécurité.

Encadrement des étudiants

Outre ces questions de sécurité, le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada a aussi cerné des faiblesses en matière d’encadrement des étudiants par le département de psychiatrie de l’Université de Montréal.

À ce propos, le DL’Espérance rappelle que les professeurs – et les dirigeants du département – sont eux-mêmes des psychiatres qui travaillent auprès de patients et dont l’agenda est chargé.

Dans la foulée du rapport du Collège royal, les professeurs ont été appelés à « se libérer du temps » pour se rendre plus disponibles et pour « répondre plus vite aux demandes des étudiants ».

Le Dr L’Espérance attribue les lacunes de cet ordre au fait que le département de psychiatrie a grossi rapidement au cours des cinq dernières années. « Nous sommes passés d’une soixantaine de résidents à 90 », a-t-il dit.

En raison des observations contenues dans le rapport du Collège royal, le département de psychiatrie de l’Université de Montréal fera l’objet d’une nouvelle visite en 2024, indique encore le DL’Espérance.

Un rapport confidentiel

Il n’a pas été possible de lire le rapport du Collège royal. Le Collège royal et le département de psychiatrie ont tous deux expliqué qu’il était confidentiel. Même les professeurs du département n’y ont pas eu accès, a affirmé le DL’Espérance.

Le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada n’a donc pas émis de commentaires. « Nous ne fournissons pas d’information au sujet de l’agrément d’une université ou d’un programme », a répondu Melissa Nisbett, spécialiste des communications de l’organisme.

De façon générale, poursuit-elle, une visite d’agrément complète dans chaque programme de résidence se fait au moins une fois tous les huit ans.

À l’échelle du pays et à n’importe quelle année, des visites de suivi sont demandées avant la fin du cycle de huit ans dans 15 à 20 % des cas.

Melissa Nisbett, spécialiste des communications du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada

Par courriel, le Collège des médecins du Québec – qui fait aussi partie du processus d’agrément – a dit être au courant de la visite faite à l’Université de Montréal et indique qu’il évaluera lui aussi l’an prochain les correctifs mis en place.

Notons que les questions de sécurité en psychiatrie ont régulièrement été soulevées ces dernières années. Ça a été entre autres le cas à Laval, où, en 2019, des stages d’étudiants en médecine avaient été suspendus en raison de préoccupations liées à la sécurité de la pratique.

Encore en 2022, les travailleurs de la santé en psychiatrie à Laval avaient fait une sortie publique pour dénoncer le manque criant d’employés et leurs craintes pour la sécurité du personnel.