Le ministre de l’Éducation tente ces jours-ci d’« éviter la fermeture » de maternelles 4 ans au Lac-Saint-Jean, mais ailleurs au Québec, on a déjà pris une telle décision. C’est le cas dans Lanaudière, où, faute d’espace, on doit réduire le nombre de ces classes. Ailleurs, on y songe.

L’an prochain, le centre de services scolaire des Samares prévoit de fermer neuf classes de maternelle 4 ans, faisant passer leur nombre total de 23 à 14.

C’est que, dans certains secteurs, par exemple Joliette et Saint-Lin–Laurentides, la croissance du nombre d’élèves exerce une pression sur les écoles primaires, qui débordent.

« Il faut prioriser les maternelles 5 ans, avoir la place pour tous ces élèves-là en premier lieu », explique Maude Jutras, responsable des communications de ce centre de services. Ainsi, ce sont les maternelles 4 ans qui sont sacrifiées en premier s’il y a trop d’inscriptions dans les autres niveaux.

Si on a trop d’inscriptions dans certains secteurs, ailleurs, c’est le manque d’enfants qui fait qu’on n’offre pas la maternelle 4 ans. Il faut alors jumeler les petits de 4 et 5 ans pour ouvrir une classe. Maude Jutras cite l’exemple de la municipalité de Notre-Dame-de-la-Merci, où sept élèves ont été regroupés dans une classe de maternelle 4 et 5 ans.

« On essaie d’accommoder les parents de cette façon-là », poursuit Mme Jutras, qui rappelle que le territoire couvert par ce centre de services est « très grand ».

Le manque de place pourrait aussi entraîner la fermeture de classes de maternelle 4 ans au centre de services scolaire des Mille-Îles, dans les Basses-Laurentides.

La réduction du nombre de maternelles 4 ans demeure une option pour nous si nous manquons de locaux.

Mélanie Poirier, porte-parole du CSS des Mille-Îles

La porte-parole Mélanie Poirier ajoute qu’il manque plus de 150 classes au primaire pour loger les élèves.

Une mère a dénoncé à La Presse la fermeture des classes de maternelle à Saint-Félix-de-Valois, dans Lanaudière. Son fils, dit-elle, a dû changer trois fois de garderie. Elle comptait sur la maternelle 4 ans pour lui offrir une « certaine stabilité ».

« Et après, on nous dit qu’il manque de main-d’œuvre ! Offrez-nous des options de garderies, offrez-nous un bon service d’éducation, et nous allons venir travailler avec grand plaisir », écrit-elle.

Un objectif difficile à atteindre

Il y avait en octobre 1584 classes de maternelle 4 ans dans les écoles de la province. Lors de la campagne électorale de 2018, la Coalition avenir Québec (CAQ) avait promis de créer 5000 classes de maternelle 4 ans à temps plein durant son premier mandat. Ce nombre a ensuite été réduit à 2600 classes d’ici 2025-2026.

Il y a en moyenne 12,3 élèves par classe dans les maternelles 4 ans, mais chaque groupe peut accueillir entre 6 et 17 élèves, indique le ministère de l’Éducation, qui rappelle que les inscriptions se font « sur une base volontaire ».

« Le déploiement doit respecter la capacité réelle des centres de services scolaires et des commissions scolaires à offrir le service. Le réseau doit composer avec des enjeux d’espace et de main-d’œuvre disponible », écrit Bryan St-Louis, porte-parole du Ministère.

L’exemple récent du centre de services scolaire du Pays-des-Bleuets a démontré l’impact de la pénurie d’enseignants sur ces classes. La semaine dernière, son directeur général a annoncé qu’il devait fermer une dizaine de groupes de maternelle 4 ans de son centre de services scolaire à la prochaine rentrée en raison du manque d’enseignants.

Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a promis mardi qu’il travaillerait avec ce centre de services « pour tenter d’éviter la fermeture de 50 % des maternelles 4 ans ».

En savoir plus
  • 17,7 %
    Proportion des enfants de 4 ans fréquentant la maternelle 4 ans en 2021-2022
    source : Ministère de l’Éducation