(Québec) Des élus suisses ont bloqué mercredi la nomination du Québécois Éric Bauce à titre de recteur de l’Université de Genève. Le candidat avait pourtant été choisi par l’Assemblée de l’Université.

« Il n’y a pas grand-chose d’autre à dire que j’ai été élu et désigné par l’Université, mais bloqué ultérieurement par le Conseil d’État du Canton », a réagi Éric Bauce par écrit à une demande de La Presse. « C’est extrêmement inusité », a ajouté ce professeur à l’Université Laval.

Le Conseil d’État genevois a expliqué sa décision, assurant que la nationalité de Bauce n’était pas un enjeu. « En dépit des qualités du candidat et indépendamment de sa nationalité, le Conseil d’État ne peut entériner cette proposition dans le contexte actuel et au vu des enjeux et défis auxquels les hautes écoles suisses doivent faire face », écrit le Conseil d’État.

Cette déclaration est surprenante, compte tenu des propos d’une élue locale, Anne Emery-Torracinta, qui exigeait un candidat « issu du canton ou pour le moins d’une haute école romande », selon Le Temps de Genève.

62 ans

Dans sa décision de mercredi, le Conseil d’État cite également l’âge du candidat désigné québécois, qui a 62 ans. Selon eux, il aurait difficilement pu réaliser deux mandats.

« Nous avons examiné les conditions nécessaires pour que l’Université puisse être dirigée dans de bonnes conditions. On ne veut pas d’un recteur de transition », a indiqué Mauro Poggia, élu genevois, tel que cité par la chaîne Léman Bleu.

M. Bauce, qui enseigne l’entomologie, a une longue expérience de la gestion en milieu universitaire. Il a été vice-recteur exécutif de l’Université Laval de 2007 à 2017. Il s’est par ailleurs présenté deux fois, en vain, à la course au rectorat de son université.

« Autonomie violée »

L’Assemblée de l’Université de Genève, constituée de professeurs de plusieurs facultés et d’étudiants, avait salué le « projet fédérateur et porteur d’avenir » mis de l’avant par le Québécois.

La décision des élus est un désaveu important pour l’Assemblée. Celle-ci déplorait récemment dans un communiqué la posture des élus genevois dans ce dossier.

« Ces pressions, inacceptables, violent l’autonomie de l’Université telle que prévue par la loi. En dépit de ces pressions, l’Assemblée a poursuivi son travail d’évaluation et a pris sa décision en toute indépendance. »

La décision du Conseil d’État signifie que le processus pour trouver un recteur doit reprendre à l’Université de Genève.