Pour répondre aux besoins croissants de soins en santé mentale, le gouvernement Legault met en place un groupe de travail présidé par l’ex-ministre libérale Hélène David. L’un des objectifs du groupe : accélérer la formation en psychologie.

En novembre, La Presse publiait un article rendant compte des études très longues exigées des jeunes qui aspirent à devenir psychologues et de l’impasse vers laquelle de grosses cohortes d’étudiants sont dirigées, année après année.

Car si des centaines d’étudiants sont admis au baccalauréat chaque année dans les universités québécoises, seule une poignée est acceptée au doctorat, qui est pourtant obligatoire pour décrocher le titre de psychologue.

Résultat : ces jeunes se retrouvent dans une course folle aux notes et ils voient en grande majorité leurs espoirs être déçus.

En entrevue téléphonique, Pascale Déry, ministre de l’Enseignement supérieur, a indiqué qu’il faut trouver des solutions au « cul-de-sac » actuel.

« Une révision du parcours de formation » s’impose donc, dit la ministre, ajoutant que tout est sur la table.

Mme Déry demande aux principaux acteurs — les universités et l’Ordre des psychologues, notamment — de se rencontrer « de manière urgente », et dès février, elle espère avoir en main des orientations préliminaires.

Des orientations promises dès février

Hélène David — qui a elle-même été psychologue clinicienne et professeure de psychologie à l’Université de Montréal — sort ainsi de sa retraite avec un enthousiasme manifeste pour ce dossier qui lui tient très à cœur. Sa volonté, dit-elle en entrevue, est de faire rapidement bouger les choses, avec un rapport prévu au printemps et l’objectif dès lors de mettre en place trois ou quatre premières recommandations.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, ARCHIVES LE SOLEIL

Hélène David, ex-ministre libérale

C’est en 2006 qu’a été introduite au Québec l’exigence d’un doctorat pour être psychologue au Québec. À l’époque, Hélène David voyait la chose d’un bon œil, mais elle regrette que cela se soit traduit par des études aussi longues que pour être médecin et par un entonnoir d’admissions au doctorat (les universités n’ayant pas assez de professeurs pour superviser un grand nombre de thèses).

Au fil des ans, trop d’étudiants ont ainsi vu « leur talent être gaspillé » et ont été obligés de reprendre à zéro leurs études dans un tout autre domaine, se désole Mme David.

L’idée est maintenant de voir si les études doctorales en psychologie pourraient être raccourcies, mais aussi de voir de quelle manière, après un seul baccalauréat, l’expertise des étudiants en psychologie pourrait être mise à profit.

Hélène David évoque par exemple le cas des écoles, où les pénuries de psychologues sont criantes.

Des psychologues scolaires seraient sans doute soulagés, dit-elle, d’être appuyés dans leurs tâches par des bacheliers qui n’auraient peut-être pas nécessairement le titre de psychologue, mais qui pourraient œuvrer sous leur supervision.

D’autres provinces ont déjà inventé ce genre d’emplois intermédiaires, en quelque sorte, au terme de formations moins longues qu’un doctorat, souligne Mme David.

La présidente de l’Ordre des psychologues, la Dre Christine Grou, a dit être très ouverte à prendre part au groupe de travail présidé par Hélène David.

Elle ne ferme pas la porte à une diplomation plus rapide et à des formations un peu plus courtes, mais à la condition expresse que les hautes compétences nécessaires à la profession de psychologue aient bel et bien été acquises.