(Québec) Même si la qualité de l’air « s’améliore » dans les écoles, estime le nouveau ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, des centaines de classes du Québec devront à nouveau ouvrir les fenêtres cet hiver, malgré le froid, pour que la concentration de dioxyde de carbone (CO2) respecte les normes dictées par la santé publique.

M. Drainville a dévoilé vendredi au Parlement les résultats des mesures prises cet automne dans les écoles en matière de qualité de l’air. Entre le 5 septembre et le 28 octobre dernier, 724 des 68 548 classes du Québec dépassaient la norme ministérielle de 1500 parties par million (PPM) mesurée par les lecteurs de CO2. De ce nombre, 72 fracassaient les 2000 PPM. Une bonne qualité de l’air dans un espace clos réduit les risques de transmission de maladies comme la COVID-19.

Les classes qui dépassent la norme feront l’objet d’un suivi serré du ministère de l’Éducation, a indiqué Bernard Drainville, soit par l’installation d’échangeurs d’air ou par d’autres mesures, comme le remplacement des fenêtres. D’ici à ce que des correctifs soient apportés, le ministre a affirmé que les parents ne devaient pas s’inquiéter pour leurs enfants, alors qu’une concentration nettement plus élevée de CO2 dans une pièce serait néfaste pour leur santé.

PHOTO YAN DOUBLET, ARCHIVES LE SOLEIL

Bernard Drainville, ministre de l'Éducation

« [On va] s’assurer que dans toutes les classes du Québec, on descende sous les 1500 PPM, qui est une norme qui n’est pas idéale, la norme idéale c’est 1000, mais à 1500, on assure une qualité de l’air qui est adéquate pour les élèves du Québec », a affirmé M. Drainville. Il ne s’est pas engagé sur le temps qu’il faudra à Québec pour changer la donne.

Les données récoltées au cours de l’automne dans les écoles révèlent qu’entre 76 % et 85 % des classes enregistraient, selon les semaines, une concentration de CO2 inférieure à 1000 PPM.

Des locaux vétustes

Le nouveau ministre de l’Éducation dit faire de la qualité de l’air dans les classes le premier dossier sur lequel il met tous ses efforts, depuis le début de son mandat. Alors qu’il a effectué ces dernières semaines une tournée des écoles du Québec, il explique la mauvaise qualité de l’air de certaines classes en raison de la vétusté de plusieurs écoles.

La vaste majorité des classes qui sont problématiques sont des classes dans les écoles qui datent d’avant 1980. Parler de ventilation, c’est aussi parler du fait que notre parc d’écoles est vieillissant et qu’il faut continuer de faire de gros investissements pour le rajeunir.

Bernard Drainville, ministre de l'Éducation

D’ici à ce que les écoles soient rénovées ou que de nouveaux établissements soient construits, les enseignants des classes problématiques devront se résoudre à ouvrir encore une fois les fenêtres de leur classe cet hiver. M. Drainville s’attend aussi à ce que les prochaines données fournies par le Ministère indiquent que la situation s’empire, alors que l’hiver rend plus difficile la circulation d’air dans les classes qui ne disposent pas de ventilation mécanique.

Une solution difficile à gérer

La présidente de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), Mélanie Hubert, souhaite que Québec installe un échangeur d’air dans les classes qui dépassent les 1000 PPM lors de plus d’une lecture de CO2 par jour. Elle rappelle que les données fournies par le Ministère sont des moyennes et qu’il est fréquent selon elle que la qualité de l’air d’une classe ne respecte pas la norme plus d’une fois par jour.

Mme Hubert affirme également qu’ouvrir les fenêtres en plein hiver est une solution qui cause bien souvent des problèmes en classe. Dans certains cas qui lui ont été rapportés, l’enseignant a dû débattre avec les élèves assis près des fenêtres, qui refusaient de les ouvrir même si la lecture de CO2 recommandait d’aérer la pièce.

« Il va falloir se donner le temps de rénover les écoles, on s’entend qu’on ne peut pas faire ça en six mois, mais on ne peut pas se fier aux 1500 PPM [avant] d’installer un échangeur d’air », a-t-elle dit.