Les taux d’échec des élèves du primaire n’ont pas été affectés par la pandémie et les fermetures fréquentes des écoles, révèle un rapport produit par le ministère de l’Éducation et obtenu par La Presse.

On sait que la pandémie a fait augmenter le taux de diplomation chez les élèves du secondaire, mais que leurs résultats ont diminué aux derniers examens ministériels. Toutefois, on s’est peu attardé aux plus jeunes qui ont subi, eux aussi, les multiples soubresauts de la pandémie.

Un rapport du ministère de l’Éducation obtenu à la suite d’une demande d’accès à l’information constate que dès février 2022, en pleine vague Omicron, « les taux d’échec sont demeurés stables, ne différant pas avant ni pendant la pandémie », en 3e année et en 6e année du primaire.

Pour arriver à cette conclusion, le ministère de l’Éducation a comparé les taux de réussite des élèves avant, pendant et après la pandémie, note le rapport. Des données ont été collectées en février et en juin 2021, de même qu’en février 2022, et comparées aux bulletins des élèves avant la pandémie.

Chez les élèves de 6e année, par exemple, le taux d’échec en mathématiques, qui était de 7,5 % en février 2020 (soit tout juste avant le début de l’épidémie de COVID-19) était revenu à un taux identique en février 2022.

Chez ces mêmes élèves, le taux d’échec en écriture était un peu plus élevé en février 2022, soit 7,4 %, une différence d’un peu moins d’un point de pourcentage par rapport à ce qu’il était deux ans plus tôt.

Comme les examens du ministère ont été annulés en pandémie, « on ne peut pas conclure que c’est stable », dit Mélanie Paré, professeure à la faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal.

Pour en arriver à cette conclusion, Québec se fie aux « notes au bulletin, qui contiennent les évaluations qui ont été faites par les enseignants », explique Mme Paré.

De voir que les taux sont assez stables, ça montre que les enseignants s’ajustent au contexte de la pandémie, davantage que ça n’atteste des compétences des élèves.

Mélanie Paré, professeure à la faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal

Pour cette deuxième année de pandémie, Québec avait également fait passer le nombre de bulletins de trois à deux par année, et celui de février était le premier de l’année scolaire.

De plus grands écarts entre élèves

Ces données ne disent pas tout, ajoute en outre Mélanie Paré. « Ce que les enseignants me disent, c’est qu’il y a une accentuation des écarts [entre les élèves les plus faibles et les plus forts] et ça, vous ne le verrez pas dans les moyennes », dit la professeure de l’Université de Montréal.

Si le Ministère s’était attardé aux taux de réussite entre les élèves des milieux défavorisés et ceux des milieux favorisés, on verrait de plus grands écarts qu’avant la pandémie, poursuit Mélanie Paré.

« L’effet sur le rendement scolaire et la fréquentation scolaire est beaucoup plus grand dans les milieux défavorisés à la suite de la pandémie. Ce sont des élèves qui sont plus affectés », dit Mme Paré, qui cite aussi ceux en difficulté d’apprentissage ou en situation de handicap.

Le document Regard sur le retard scolaire potentiel des élèves en période de pandémie apporte ces mêmes nuances.

On y lit que « le niveau d’interruption des services éducatifs tout comme les services d’accompagnement aux élèves durant la période de la pandémie n’ont pas été considérés dans les analyses alors qu’ils pourraient être des facteurs importants dans la variation de la réussite des élèves ».

Les écoles du Québec n’ont pas été fermées pendant la même durée au cours de la pandémie, certaines en zone rouge étant restées en enseignement à distance plus longtemps, notamment dans la région de Montréal.

Pour 2021-2022, les données du ministère de l’Éducation ont été recueillies auprès de 306 écoles, publiques et privées, réparties à la grandeur de la province.

Avec la collaboration de William Leclerc, La Presse