Un projet d’école primaire très attendu, planifié et budgété depuis des années à L’Île-des-Sœurs, à Montréal, est mis sur la glace par Québec après avoir pourtant fait l’objet d’un engagement électoral de la Coalition avenir Québec.

Les parents d’enfants fréquentant des établissements scolaires du secteur en ont été informés mercredi par un communiqué laconique envoyé par le centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSSMB).

À L’Île-des-Sœurs, la construction d’une troisième école primaire est réclamée à grands cris depuis 2017 afin de contrer un problème de surpopulation. Le projet, estimé à 50 millions, avait d’ailleurs été inscrit au Plan québécois des infrastructures (PQI), en 2019, une étape obligée vers sa réalisation.

« En effet, les données disponibles à ce moment démontraient la nécessité de bâtir de nouveaux établissements pour répondre aux besoins futurs », indique d’ailleurs le communiqué publié mercredi.

À l’école des Marguerite, un établissement du secteur, le CSSMB prévoyait l’an dernier une occupation de 133 % dans la période 2022-2023. Cette proportion grimperait à 157 % pour 2024-2025, d’où la nécessité d’agrandir l’offre sur ce territoire.

Une nouvelle tendance

Or, « depuis, une nouvelle tendance se dessine », a fait savoir le CSSMB aux parents.

« En effet, les projections de la clientèle de juin dernier du Ministère, de même que les données observées au 30 septembre dernier, indiquent une baisse importante du nombre d’élèves dans le secteur de L’Île-des-Sœurs et les récentes projections gouvernementales laissent présager de nouvelles baisses au cours des prochaines années », explique-t-on, dans la missive qui leur a été acheminée.

« Le contexte pandémique, de même que les conditions économiques, semble avoir frappé de plein fouet le secteur », poursuit-on en précisant que « cette tendance se reflète aussi sur l’ensemble du territoire du CSSMB », où l’on compterait 1000 élèves de moins qu’avant la pandémie.

Québec avait pourtant placé le projet de troisième école à L’Île-des-Sœurs sur la voie rapide, parmi 181 autres infrastructures, en vertu de la Loi concernant l’accélération de certains projets d’infrastructure (projet de loi 66) adoptée en décembre 2020.

Rappelons également qu’en 2019, le CSSMB avait dû aménager des classes dans des locaux commerciaux afin de pouvoir accueillir tous les élèves inscrits à la rentrée scolaire, une situation censée être temporaire, mais qui perdure depuis.

Le MEQ n’a pas été en mesure de fournir les chiffres sur lesquels il s’était basé pour trancher ce dossier mercredi soir.

Le CSSMB précise toutefois qu’à « titre indicatif » les deux écoles primaires de L’Île-des-Sœurs accueillaient 66 groupes scolaires en 2020-2021, puis 63 en 2021-2022 et finalement 59 en septembre dernier au moment de la rentrée.

« Dans quelques années à peine, les projections ministérielles prévoient une nouvelle baisse majeure », précise-t-on, en indiquant suivre « de près la situation démographique de ce secteur de même que les projections à venir du MEQ ».

Résidants « sous le choc »

Impliqué dans le projet depuis 2010, le résidant de L’Île-des-Sœurs Olivier Drouin rappelle que la nécessité de construire une nouvelle école dans le secteur faisait l’unanimité parmi les principaux candidats à Verdun lors de la dernière campagne électorale.

« On est sous le choc, comme résidants de L’Île-des-Sœurs. J’ai beaucoup de déception sous plusieurs chapeaux. Je persiste à croire que c’est essentiel pour la communauté. C’est très, très décevant », confie le père dont les enfants ont fréquenté les établissements scolaires bondés.

Il se montre dubitatif devant les raisons invoquées par le MEQ étant donné l’effervescence immobilière à L’Île-des-Sœurs où se construisent plusieurs immeubles à proximité de la future station du REM.

Une promesse rompue ?

La nouvelle survient le lendemain de la prestation de serment des députés de la Coalition avenir Québec (CAQ).

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Véronique Tremblay, candidate défaite de la CAQ dans la circonscription de Verdun aux dernières élections provinciales

La construction d’une nouvelle école à L’Île-des-Sœurs faisait partie des engagements de la candidate du premier ministre François Legault dans la circonscription de Verdun, Véronique Tremblay, qui avait d’ailleurs identifié le projet comme faisant partie de ses « priorités ».

« Le besoin est là et il est évident. J’ai bien l’intention de mener le dossier jusqu’à sa réalisation », a-t-elle indiqué au quotidien Métro, le 13 septembre dernier, aux côtés de la vice-première ministre, Geneviève Guilbault, venue l’accompagner pour rencontrer les électeurs rue Wellington.

Lisez l’article de Métro

Véronique Tremblay, qui a repris son poste à titre de conseillère municipale de Projet Montréal dans l’arrondissement de Verdun, n’a pas donné suite à l’appel de La Presse mercredi soir.

L’ancien maire de l’arrondissement de Verdun (qui englobe L’Île-des-Sœurs), Jean-François Parenteau, s’est quant à lui dit surpris par la nouvelle. « Je ne comprends pas trop l’explication du Ministère étant donné que la population de L’Île-des-Sœurs ne cesse d’augmenter », a-t-il précisé.

Impliquée dans le projet depuis quatre ans, la candidate libérale défaite aux dernières élections provinciales, Isabelle Melançon, se désolait également de la décision du Ministère. « C’est terriblement triste. Les parents et les enfants de L’Île-des-Sœurs sont ignorés par ce gouvernement », a-t-elle déploré mercredi soir.