L’école secondaire Sophie-Barat à Montréal est à ce point en mauvais état qu’une récente visite de la CNESST a montré que des correctifs urgents devaient être apportés pour régler des problèmes de possible exposition à l’amiante et aux moisissures. Le ministre de l’Éducation assure néanmoins que la santé des élèves et du personnel est « une priorité ».

Située dans le quartier Ahuntsic, à Montréal, cette école est le plus vieux bâtiment que possède le centre de services scolaire de Montréal. Elle est considérée en « très mauvais état » par Québec, et son déficit de maintien d’actif s’élève à près de 50 millions de dollars.

La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) y a effectué une inspection la semaine dernière et a constaté des manquements à plusieurs endroits.

Dans la salle de musculation ainsi que dans deux corridors, les inspecteurs ont relevé que des tuiles acoustiques sont trouées ou absentes. « […] Ces ouvertures dans le plafond suspendu pourraient représenter un risque que de la poussière d’amiante puisse tomber au sol », lit-on dans le rapport de la CNESST.

On apprend également qu’un dégât d’eau est survenu à l’école lors des pluies torrentielles qui se sont abattues sur la métropole, le 13 septembre dernier.

PHOTO TIRÉE D’UN RAPPORT DE LA CNESST

Un plafond de l’école Sophie-Barat où les tuiles n’ont pas été remplacées.

« […] Les planchers en tuiles de vinyle du local de musculation et du local des concierges ne seraient pas encore complètement asséchés du dégât d’eau », note-t-on dans le rapport.

On fait aussi état d’une tuile acoustique « montrant un cerne d’au moins 50 cm de diamètre, bombée et percée par le poids de l’eau » dans un corridor du troisième étage.

« Selon un enseignant rencontré sur les lieux, la tuile est dans cet état depuis plus d’un an. Ainsi, contrairement à la procédure décrite par l’employeur, les tuiles acoustiques montrant des traces d’écoulement d’eau ne sont pas systématiquement remplacées », observe la CNESST.

Le cas de Sophie-Barat est « une illustration de la défaillance du centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) », dit la présidente de l’Alliance des professeures et des professeurs de Montréal.

« Le rapport de la CNESST est sans équivoque : on n’est pas dans la recommandation, on est dans l’urgence d’agir. On est là pour les profs de Sophie-Barat et pour tous ceux de Montréal », estime Catherine Beauvais-St-Pierre.

Des recommandations « préventives », dit le CSSDM

Les recommandations du rapport « sont avant tout préventives », dit le porte-parole du CSSDM, Alain Perron.

« Aucun compromis n’est fait quant à la santé et la sécurité de nos élèves et membres du personnel », assure M. Perron.

Publié le 20 septembre, le rapport donnait deux jours au centre de services pour apporter les correctifs demandés. Ils devaient donc avoir été complétés jeudi. Le CSSDM assure qu’ils « ont rapidement été réalisés ou sont en voie de l’être ». La CNESST doit retourner à l’école Sophie-Barat la semaine prochaine.

Au cabinet du ministre de l’Éducation Jean-François Roberge, on dit avoir obtenu « l’assurance que le CSSDM est en contact avec la CNESST et qu’ensemble, ils ont un plan de match pour corriger la situation rapidement ».

Dans une déclaration écrite envoyée à La Presse, le ministre Roberge assure que le CSSDM a l’argent pour faire les travaux demandés.

« J’ajoute que si des fonds additionnels sont nécessaires pour corriger la situation plus rapidement, nous nous assurerons de les débloquer puisque notre priorité à tous demeure la santé et la sécurité des élèves et du personnel », a déclaré le ministre Roberge.

L’école secondaire Sophie-Barat accueille environ 1700 élèves. En 2020, près du tiers d’entre eux ont été délocalisés d’urgence dans une école du quartier Saint-Michel parce qu’une partie du bâtiment menaçait de s’effondrer.