La difficile rentrée du personnel et des élèves d'une école du Plateau Mont-Royal, transférés d’une école vétuste vers une école en construction

En raison de travaux de rénovation, les élèves de l’école primaire Laurier, sur le Plateau Mont-Royal, ont dû s’installer dans une école transitoire située quelques kilomètres plus au nord. Or, le déménagement ne s’est pas fait sans heurts : élèves et enseignants ont commencé l’année dans un bâtiment inachevé.

Situé dans le quartier Villeray, le centre Lajeunesse hébergeait jusqu’à tout récemment des organismes communautaires, mais appartient au centre de services scolaire de Montréal (CSSDM). Pour loger des élèves pendant que des travaux sont réalisés dans les écoles vétustes, le CSSDM a entrepris de rénover la bâtisse.

Depuis quelques semaines, les élèves de l’école Laurier y sont donc installés, mais parents et enseignants disent que les jeunes ont quitté une école vétuste… pour atterrir dans une école en construction. Des grillages clôturaient encore la cour au passage de La Presse, la semaine dernière.

« Il y a beaucoup de travail qui n’a pas été fait en amont. Par exemple, quand les gens du service de garde sont entrés dans l’école, l’internet n’avait pas été installé. Comment peuvent-ils préparer la rentrée ? », demande David Quirion, président du conseil d’établissement de l’école Laurier.

Jusqu’à tout récemment, les portes étaient encore temporaires, les enfants ne pouvaient pas boire de l’eau à même les fontaines, parce qu’on attendait les résultats d’analyse d’eau, fait remarquer M. Quirion.

Deux enseignantes de l’école Laurier, qui ne veulent pas être identifiées par crainte de représailles, ont confié que la rentrée a été très stressante, voire « chaotique ».

« Ils nous ont transférés dans une école complètement rénovée, oui, mais elle n’est pas prête. Ce n’est pas fini », dit l’une d’elles.

« Le centre de services nous a donné une journée supplémentaire pour s’installer, mais on n’a pas pu travailler, il y avait trop d’ouvriers dans l’école », ajoute une autre. Face à « l’ampleur de la tâche avant l’entrée des élèves », des profs ont travaillé la fin de semaine pour préparer les classes.

Le centre de services scolaire de Montréal assure que le bâtiment est sécuritaire, malgré les allures de chantier. Les travaux se termineront cet automne, nous dit-on.

« Un accès extérieur au service de garde, la pose des garde-corps et l’installation des nouvelles portes font partie des dernières étapes », écrit Alain Perron, porte-parole du CSSDM.

Élèves en retard

Le transport des élèves de l’ancienne école à la nouvelle pose aussi problème. Tous n’arrivent pas en même temps. « Des fois, on attend 25 minutes avant de commencer à enseigner, parce qu’il nous manque des élèves », témoigne une enseignante.

David Quirion se demande ce qui pressait tant à déménager. « [Les employés du CSS] ont vu le bâtiment disponible sur Lajeunesse, l’école Laurier à rénover. Ils se sont dit : ‟let’s go, on les switche”. Ils ont géré le béton avant les humains », avance le président du conseil d’établissement. C’est aussi l’avis d’une enseignante.

Au CSSDM, on explique que la délocalisation d’une école « permet d’effectuer les travaux plus rapidement et ainsi rendre l’école accessible dans un délai plus court ». En théorie, les travaux à l’école Laurier doivent se terminer dans deux ans.

Au cours des prochaines années, des milliers d’élèves du CSSDM seront relogés dans d’autres écoles, le temps qu’on rénove les bâtiments les plus vétustes.

David Quirion dénonce la mauvaise communication avec le centre de services scolaire. Les gestionnaires sont « imputables », dit-il.

On passe pour les chialeux du Plateau. Mais y a-t-il une volonté de changement [au CSSDM] ? Va-t-on refaire la même chose ailleurs, dans d’autres écoles ?

David Quirion, président du conseil d’établissement de l’école Laurier

Il serait simple, croit-il, de mandater un agent de liaison pour répondre aux questions des parents dont les enfants seront relogés à l’avenir.

Certains n’ont pas attendu que les choses changent. Jen Deruchie a inscrit sa fille dans une école privée cette année, plutôt que de subir une décision prise « sans consultation ».

« Ils nous vendaient le déménagement comme si tout allait être parfait, on voit bien que ça ne l’est pas. J’ai perdu la confiance dans le CSSDM », dit-elle.

Comme le président du conseil d’établissement, une des enseignantes de l’école délocalisée croit que si la direction fait tout en son possible pour que la transition dans la nouvelle école se passe bien, le CSSDM, lui, « s’en lave un peu les mains ».

« Les gens dans les bureaux [du centre de services] ne savent pas comment on court partout. C’est exigeant, la délocalisation, ce n’est pas une rentrée normale. À l’école, tout le monde ne parle que de ça », dit l’enseignante.

En savoir plus
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    Nombre d’écoles qui sont délocalisées cette année au CSSDM
    source : Centre de services scolaire de Montréal