Pour la deuxième année consécutive, le nombre d’élèves inscrits au cégep à l’automne est en deçà des prévisions ministérielles. « Un signal d’alerte », croit la Fédération des cégeps, qui craint les impacts de la pandémie et de la pénurie de main-d’œuvre sur la persévérance scolaire.

Le nombre d’inscriptions dans les cégeps s’élève à 173 392 collégiens, soit une baisse de 1,1 % par rapport à l’automne 2021, selon des données préliminaires recueillies par la Fédération des cégeps auprès de ses 48 membres.

Pourtant, le ministère de l’Éducation anticipait une hausse de 1,3 % de la clientèle à la rentrée, selon les prévisions démographiques.

Également préoccupant : le nombre d’élèves inscrits pour la première fois – dont la majorité sortent des bancs de l’école secondaire – a baissé de 0,5 %, ce qui représente 385 personnes.

Dans certaines régions, la baisse est encore plus marquée. En Abitibi-Témiscamingue, on observe une diminution de 5,4 % et dans le Bas-Saint-Laurent, une baisse de 3,8 % des inscriptions.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Bernard Tremblay, président de la Fédération des cégeps, en entrevue éditoriale avec La Presse

Ce n’est pas énorme, mais il faut comprendre qu’il se passe quelque chose.

Bernard Tremblay, président de la Fédération des cégeps

Malgré le retour en classe, la Fédération craint les effets de la pandémie sur « la capacité d’apprendre des jeunes et sur leur santé mentale ». Les jeunes sont-ils plus nombreux à abandonner leurs études ou à ne pas réussir leur secondaire ? « C’est une hypothèse », avance M. Tremblay.

Dans tous les cas, « ces jeunes vont demander une attention particulière de la part des membres du personnel des cégeps », croit-il.

Ce qui appelle, selon lui, à un soutien « beaucoup plus musclé » des élèves au cégep. D’autant que depuis 2017, les cégépiens qui rapportent un diagnostic de handicap sont cinq fois plus élevés.

« Ces jeunes arrivent au cégep et il y a une cassure d’approche. Ils n’ont pas la même offre de ressources [qu’à l’école secondaire] », fait valoir Bernard Tremblay.

Sensibiliser les entreprises

L’autre hypothèse avancée par la Fédération des cégeps pour expliquer la baisse des inscriptions, c’est la pénurie de main-d’œuvre.

Des élèves se laissent-ils séduire par les offres d’emploi alléchantes qui ne manquent pas ?

Si c’est le cas, il faut « rappeler aux jeunes l’importance de poursuivre leurs études pour éviter de compromettre leur avenir », souligne la Fédération, qui souhaite aussi sensibiliser les entreprises à l’enjeu.

[La transformation de notre économie] commande la réussite d’études supérieures. On le sait, dans une situation de crise, c’est toujours les moins scolarisés qui écopent.

Bernard Tremblay, président de la Fédération des cégeps

Pour s’attaquer au défi de la main-d’œuvre, la Fédération des cégeps propose d’attirer davantage d’élèves étrangers, dont beaucoup choisissent de rester vivre au Québec après leurs études.

Actuellement, 6440 élèves internationaux sont inscrits au cégep à l’enseignement régulier, soit une hausse de 9,6 % par rapport à la même période l’an dernier.

Selon la Fédération, ce nombre pourrait facilement doubler – si on se donnait les outils pour y parvenir. Ce qui passe, notamment, par l’élaboration d’une stratégie concertée de promotion des cégeps à l’international.

« On a les infrastructures, on a la capacité. Mais à l’international, c’est sûr que le Québec n’est pas très visible. On doit bien positionner le modèle québécois du cégep », plaide Bernard Tremblay.

Lisez l'éditorial d'Alexandre Sirois