Jean-François Roberge assure qu’aucune classe ne sera orpheline cette année

En moins de deux mois, près de 6000 personnes se sont portées candidates pour enseigner dans les écoles du Québec, si bien que le ministre de l’Éducation est persuadé qu’aucune classe ne sera orpheline cette année. Mais à quelques jours de la rentrée, il reste « à finir les entrevues, à embaucher et à accompagner professionnellement » ces nouveaux venus, reconnaît Jean-François Roberge.

À la rentrée, « il y aura un enseignant dans chaque classe », déclare M. Roberge en entrevue avec La Presse. Un enseignant ou « quelqu’un » ? lui demande-t-on.

« La personne qui va occuper une fonction d’enseignant va être, la plupart du temps, quelqu’un qui est légalement qualifié […], mais ça va arriver, comme c’est arrivé depuis quelques années, que ce soit quelqu’un qui a une autorisation provisoire d’enseigner », répond le ministre.

Le printemps dernier, le gouvernement a lancé une campagne publicitaire qui encourageait les titulaires d’un baccalauréat « dans une discipline enseignée dans les écoles préscolaires, primaires, secondaires […] » à envisager une carrière en éducation.

Celle-ci avait soulevé l’ire de certains enseignants, qui estimaient qu’une telle campagne « minimisait » le rôle d’un prof et faisait l’impasse sur les conditions de travail difficiles dans les écoles.

Les milliers de personnes qui se sont inscrites sur la plateforme gouvernementale sont « des gens pour venir combler des postes dans nos classes », dit le ministre.

Beaucoup sont des retraités. Ou des gens qui ont un baccalauréat en histoire, en français, en mathématiques, en littérature, qui disent : j’ai envie de me réorienter, de devenir enseignant.

Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation

L’an dernier, à la première journée de classe, il manquait encore 400 enseignants dans les écoles du Québec.

Pas de « nivellement par le bas »

Bien que les bulletins aient été remis à la fin de juin, le ministre de l’Éducation ne sait toujours pas comment ont performé les élèves aux examens obligatoires de fin d’année, tenus cette année après deux ans de pause forcée en raison de la pandémie.

« Je n’ai pas encore tous les résultats », dit Jean-François Roberge.

Comment explique-t-il qu’un syndicat d’enseignants de cégep ait observé cette semaine que la formation des élèves qui arrivent au collégial n’atteint pas le niveau attendu ?

Jean-François Roberge croit que la pandémie et l’école à distance y ont été pour beaucoup.

Avant le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ), dit-il, le ministère de l’Éducation accordait la note de passage à des élèves qui obtenaient 57 % ou 58 %. « On a mis fin au nivellement par le bas », observe Jean-François Roberge.

Une rentrée « sécuritaire », assure Québec

Le gouvernement entend distribuer 14 millions d’autotests dans les prochaines semaines. « Ça va aider les gens à gérer les cas, à prévenir les éclosions et à éviter d’amener la COVID à l’école », dit le ministre de l’Éducation.

Il ne croit pas que son ministère aurait pu en faire davantage pour améliorer la ventilation, par exemple en installant des purificateurs d’air dans les classes.

Il ne faut pas y aller seulement avec des opinions, il faut y aller avec des faits avérés. Les purificateurs ne sont pas des appareils recommandés par le DBoileau, la Santé publique et l’INSPQ. Il faut se fier à nos experts. Si on ne s’y fiait pas, les gens nous le reprocheraient.

Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation

Des travaux de réfection ont été faits dans les écoles pendant les vacances estivales, rappelle-t-il.

Cet été, Radio-Canada a rapporté que 53 % des écoles de la province sont cotées D ou E, ce qui signifie qu’elles sont dans un mauvais ou un très mauvais état. Un pourcentage presque inchangé depuis le début du mandat de la CAQ, il y a quatre ans.

Des chiffres que réfute le ministre, qui explique que des écoles qui « n’étaient pas sur l’écran radar » au temps des libéraux ont été inspectées sous la CAQ. « Il y avait des bâtiments dont on ignorait l’état de vétusté et à mesure qu’on les a inspectés, ça a noirci le tableau », dit-il.

Il aurait été impossible d’investir davantage dans les infrastructures scolaires pendant le mandat caquiste, estime M. Roberge.

« En quatre ans, il y a deux fois plus d’argent [que lors du précédent mandat] qui a été mis pour entretenir, rénover, agrandir les écoles. On ne peut pas en faire plus, on manque d’entrepreneurs », dit le ministre.

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    Nombre d’enseignants non légalement qualifiés dans les écoles du Québec en 2020-2021
    Source : ministère de l’Éducation du Québec