(Montréal) La formation des étudiants qui arrivent au cégep n’est pas au niveau auquel elle devrait normalement être, un « effet pervers » de la pandémie, estime la Fédération de l’enseignement collégial (FEC-CSQ).

« Au cours des dernières années, beaucoup d’étudiants ont passé leurs cours au secondaire avec des attentes moindres. Il n’y a pas eu d’échecs, il y a des diplômes qui ont été donnés, mais sans [que les élèves] atteignent les seuils attendus habituellement. Tout avait été mis à la baisse », a déclaré lundi en point de presse Youri Blanchet, président de la Fédération de l’enseignement collégial (FEC-CSQ).

Dans les classes des cégeps, « ça se sent », poursuit M. Blanchet.

On sent une baisse de qualité du métier d’étudiant.

Youri Blanchet, président de la FEC-CSQ

« La capacité d’étudier : être capable de faire une recherche, être attentif en classe, prendre des notes. Ça aussi, c’est un constat qui est partagé [par les profs] », dit le président du syndicat.

En conséquence, « les profs s’organisent pour donner des cours supplémentaires pour enseigner la matière », dit-il.

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Youri Blanchet, président de la FEC-CSQ, Éric Gingras, président de la CSQ, Valérie Fontaine, présidente de la FPSES-CSQ, et Éric Cyr, président de la FPPC-CSQ

La présidente de la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur (FPSES-CSQ), Valérie Fontaine, observe que la réalité est la même à l’université.

« Les étudiants qui étaient au collégial avaient des cours en ligne. […] Ce que le personnel du collégial vit par rapport aux élèves du secondaire, on le vit aussi à l’université par rapport aux étudiants collégiaux », a déclaré Mme Fontaine.

Pas de pénurie au collégial, assure Québec

La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et ses syndicats affiliés du secteur collégial ont fait valoir lundi que la pénurie de personnel ne touchait pas que les écoles primaires et secondaires.

Le syndicat n’est pas en mesure de chiffrer l’ampleur de la pénurie dans le réseau collégial, mais assure que dans certains cégeps, la situation est « très, très préoccupante », notamment dans les programmes d’informatique, de pharmacie ou de soins infirmiers.

Au cabinet de la ministre de l’Enseignement supérieur Danielle McCann, on indique qu’on a jusqu’ici « un écho assez différent de la part des différents établissements collégiaux ».

« La situation de la main-d’œuvre dans le réseau n’est pas différente de celle des années précédentes. Nous n’avons pas non plus été alertés de [potentielles ruptures] de services pour la rentrée de l’automne 2022 », a déclaré Valérie Chamula, attachée de presse de la ministre.

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Éric Gingras, le président de la CSQ, lors d’une conférence de presse, lundi

À l’approche de négociations pour le renouvellement des conventions collectives, la CSQ et ses fédérations réclament du gouvernement qu’il bonifie les conditions de travail et le salaire de leurs membres afin de créer une réelle attractivité et favoriser la rétention du personnel.

Le secteur public a déjà été considéré comme le gras dur de la société, où il faisait bon aller travailler toute sa carrière. Ce temps-là est révolu, et ça, je pense que les dernières années l’ont démontré.

Éric Gingras, président de la CSQ

« Cette année, nos membres ont reçu 2 % d’augmentation de salaire alors que l’inflation est importante et se chiffrera peut-être autour de 8 % pour l’année encore une fois », a observé M. Gingras.

Les dirigeants syndicaux se sont toutefois bien gardés d’aller jusqu’à dire qu’ils réclameraient des augmentations de cet ordre, affirmant que les consultations auprès de leurs membres étaient toujours en cours, tout comme chez leurs collègues du front commun comprenant la CSN et la FTQ.

Avec La Presse Canadienne