Le transport scolaire pourrait bien être affecté dans plusieurs régions du Québec en vue de la rentrée, les négociations entre plusieurs transporteurs et centres de services scolaire demeurant toujours au point mort. Si aucune solution n’est identifiée, jusqu’à 300 000 élèves pourraient être pénalisés.

« Il pourrait y avoir des bris de service du transport scolaire dès la rentrée. Il faudrait alors prévoir d’autres alternatives pour déposer et récupérer vos enfants à l’école, et ce, pour une durée indéterminée. Nous travaillons avec toutes les instances incluses dans les négociations afin d’assurer un transport scolaire pour tous, à temps pour la rentrée », écrit le Centre de services scolaire des Grandes-Seigneuries, situé en Montérégie, dans une lettre envoyée aux parents mercredi dernier.

Dans le nord de Montréal, le Centre de services scolaire de Laval indique aussi que « cette situation pourrait entraîner des répercussions pour la rentrée scolaire », en disant toutefois être « à pied d’œuvre afin de trouver des solutions ».

Selon nos informations, la situation serait « particulièrement critique » à Montréal, dans Lanaudière, dans les Laurentides, en Montérégie et en Outaouais, les négociations ne semblant pas progresser dans plusieurs établissements, la plupart des contrats de travail étant venus à échéance à la fin du mois de juin. D’autres régions auraient toutefois déjà identifié des pistes de solutions.

« Haussez les budgets », demande la FTA

Pour le PDG de la Fédération des transporteurs par autobus (FTA), Luc Lafrance, une entente avec le gouvernement et ses instances est encore possible, pour autant que l’écoute soit au rendez-vous. « On essaie de trouver des voies de passage. Ce qu’on demande au gouvernement, c’est de hausser les budgets pour être capables de continuer nos activités », dit-il.

Son groupe réclame en effet des augmentations de tarifs allant de 20 à 25 %, afin de pallier les nouvelles réalités inflationnistes. Bon an mal an, les transporteurs scolaires déplacent environ 500 000 élèves, matin et soir. La FTA estime « qu’au moins » 60 % de ces jeunes pourraient être « pénalisés » si les négociations n’aboutissent pas, ce qui représente environ 300 000 élèves.

« Les transporteurs scolaires ne sont pas différentes des autres secteurs d’activité : on compose avec une hausse d’au-delà de 50 % du prix du carburant, on manque de main-d’œuvre, et nos postes budgétaires ont explosé au fil des cinq dernières années. Si on veut embaucher de nouveaux chauffeurs, et maintenir ceux qui sont en place, il faut que ça change », dit M. Lafrance, qui estime à environ 1500 le manque en chauffeurs scolaires. Ceux-ci gagnent en moyenne 20 000 $ annuellement.

Québec se veut rassurant

Au cabinet du ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, on se veut rassurant : « On va tout faire pour assurer un transport scolaire à l’ensemble des élèves à la rentrée scolaire », affirme l’attachée de presse du ministre, Audrey Noiseux.

« De nombreux gestes ont été posés, notamment en investissant un montant annuel de 30 millions pour des primes visant l’attraction et la rétention des chauffeurs d’autobus et de berlines », justifie aussi Mme Noiseux, en précisant que « les mesures financières supplémentaires consenties par le gouvernement représentent une hausse de 30,5 % des allocations en transport scolaire, soit plus de 200 millions depuis 2017 »

Le gouvernement souligne enfin que « les discussions se poursuivent avec les transporteurs scolaires », et que « des mesures financières ont été ajoutées afin de tenir compte de chacun des enjeux liés à la négociation ». « On est confiant d’en arriver à une entente », insiste l’attachée de presse.

Dans un communiqué publié jeudi, la Fédération des centres de services scolaire (FCSSQ) note que le programme d’aide financière destiné aux chauffeurs d’autobus « s’élève à plus de 35 millions en 2022-2023 ». « En ce qui concerne l’aide accordée à la transition pour l’électrification, le montant s’élève à plus de 7,7 millions. Enfin, pour tenir compte de la hausse des coûts de fonctionnement, et spécifiquement celle du carburant, une mesure permettant d’isoler le carburant des autres dépenses a été octroyée […], et ce, au moins pour les trois prochaines années », argue-t-on.

La Fédération affirme au passage que « l’indexation associée au carburant s’élève à plus de 38,5 %, alors que celle liée aux autres dépenses est établie en fonction de l’IPC-Québec », qui était de 5,8 % au 31 mai dernier.

« Nous considérons que les dernières propositions gouvernementales qui ont été bonifiées en juin dernier sont intéressantes et que toutes les conditions sont désormais réunies afin de réussir à conclure des ententes négociées », a martelé la PDG de la FCSSQ, Caroline Dupré.