Tout l’été, plus de 80 000 élèves de la province, près du double de l’an dernier, feront des activités qui leur permettront de ne pas oublier ce qu’ils ont appris pendant la dernière année scolaire. Pour certains jeunes, il s’agit simplement de continuer à parler un peu en français.

« Dans nos programmes, on a plein d’enfants qui n’ont pas de livres chez eux. »

Directrice générale de l’organisme Jeunesse Loyola, Christine Richardson explique que les jeunes du quartier Notre-Dame-de-Grâce ne sont pas tous égaux face aux vacances estivales.

« Il y a de gros écarts entre les élèves qui fréquentent les différentes écoles de quartier. Ceux qui n’ont pas accès aux mêmes ressources au cours de l’été reviennent [en classe] et ont un retard prononcé par rapport aux autres », explique Mme Richardson.

Par « ressources », la directrice ne parle pas de s’inscrire à des cours intensifs en plein mois de juillet, mais bien que les jeunes aient accès à des choses qui peuvent sembler évidentes, comme des livres.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Christine Richardson, directrice générale de Jeunesse Loyola

Prenons une sortie au Biodôme. Tu ne penses pas nécessairement que ton enfant est en train d’apprendre, mais il l’est. Jouer en équipe au soccer : tu apprends, tu socialises, mais il y a des frais d’inscription.

Christine Richardson, directrice générale de Jeunesse Loyola

Le camp d’été offert par l’organisme sera au nombre des 200 projets instaurés à la grandeur de la province pour contrer ce qu’il est convenu d’appeler « la glissade de l’été », soit la perte des acquis faits pendant l’année scolaire qui se produit parfois au cours des vacances.

Il s’agissait d’une des priorités ciblées par le gouvernement pour réduire les écarts entre les élèves après deux ans de pandémie, et le Réseau québécois pour la réussite éducative (RQRE) a été choisi pour bonifier les activités offertes aux jeunes.

Les sommes investies par Québec auront permis de rejoindre davantage de jeunes, explique Audrey McKinnon, directrice générale du RQRE.

« La réussite éducative, ça ne se passe pas qu’à l’école. On prend conscience du rôle que peuvent jouer les organismes qui sont auprès des jeunes pendant l’été sur la persévérance scolaire », dit Mme McKinnon.

Une occasion de continuer à parler en français

Les parents des 70 enfants qui seront accueillis cet été au camp de Jeunesse Loyola n’ont rien à payer. Pas même le dîner. Ils sont tous recommandés par les enseignants du quartier, qui ciblent les élèves pour qui les conséquences d’être éloignés de l’école pendant quelques mois sont les plus grandes.

Au cours du camp, qui dure tout l’été, les jeunes iront à La Ronde, à la piscine, mais joueront peut-être « un peu plus au bingo », pour apprendre en même temps. Les ados garderont un journal de bord de ce qu’ils font pendant leurs journées, histoire qu’ils continuent à écrire.

Photo fournie par Jeunesse Loyola

Des jeunes participent au camp de Jeunesse Loyola, à l’été 2021.

Pour certains, qui ont le français comme deuxième, troisième ou même quatrième langue, ce sera surtout l’occasion de continuer à parler en français.

À Notre-Dame-de-Grâce, « presque tout ce qui se passe dans la communauté est en anglais », dit Mme Richardson, et il a été constaté que des jeunes de classe d’accueil avaient parfois complètement perdu leurs acquis en français après l’été, ce qui a un impact certain sur le « rendement scolaire, la socialisation, la confiance » de ces élèves.

Au total, ce sont près de 2500 lieux fréquentés par les jeunes qui seront visés par les projets soutenus par le Réseau québécois pour la réussite éducative.

Les projets porteront sur la littérature, les mathématiques, l’activité physique, mais aussi sur les relations interpersonnelles.

Les parcs s’ajouteront aussi, parfois, aux maisons de jeunes, bibliothèques et camps de jour. L’idée, dit la directrice générale du RQRE, est de rejoindre « ceux qui n’ont pas les mêmes chances que les autres ».

« Les études estiment que ça peut prendre jusqu’à un mois avant de reprendre le retard scolaire. Pendant tout le début de l’année, le jeune vit avec cet écart-là. C’est ça qu’on veut réduire pour donner la chance à tout le monde de bien partir son année scolaire et construire sur quelque chose de solide », conclut Audrey McKinnon.

Appel à tous

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  • 75 %
    Proportion des projets qui s’adressent aux enfants de milieux défavorisés parmi les activités offertes aux jeunes
    53 %
    Proportion des projets qui s’adressent à des enfants avec des difficultés d’apprentissage parmi les activités offertes aux jeunes
    source : réseau québécois pour la réussite éducative