De plus en plus d’écoles secondaires privées adoptent la semaine de relâche en automne pour donner un peu de répit à leurs élèves et leur personnel. À Montréal, le collège Notre-Dame vient de l’annoncer en vue de l’an prochain. Il s’agit d’une formule qui, pour l’instant, ne trouve pas écho dans les établissements publics.

En regroupant cinq journées pédagogiques au mois de novembre pour en faire une semaine de relâche, le collège Notre-Dame, à Montréal, suit d’autres écoles qui l’ont fait avant lui.

Le directeur général l’a annoncé aux parents au début du mois. Il dit avoir senti dans les dernières années une fatigue chez les élèves et les enseignants avant la période des Fêtes. « On s’est dit : “Pourquoi ne pas l’essayer, sachant que la formule existe ailleurs ?” », explique Lotfi Tazi.

La COVID-19, ajoute-t-il, a peut-être contribué à une plus grande fatigue chez les jeunes, comme chez leurs enseignants.

Au collège Sainte-Anne, à Lachine, on a opté pour une semaine de relâche supplémentaire à l’automne il y a près de 20 ans. Les élèves de cet établissement privé ont aussi des semaines de congé en mars et en avril.

Une rentrée le 16 août

En août prochain, ce même collège ouvrira un autre établissement à Dorval, où on optera pour un horaire qui n’est « pas complètement flyé », mais néanmoins différent de ce qu’on voit ailleurs, explique Isabelle Senécal, directrice du secondaire de cette école.

Les élèves commenceront l’école le 16 août (soit deux semaines avant la plupart des écoles de Montréal), puis auront deux semaines de relâche à l’automne, les traditionnelles vacances de Noël, deux semaines plutôt qu’une en mars, en plus d’une semaine de congé à Pâques.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Isabelle Senécal, directrice du secondaire au collège
Sainte-Anne

« On commence plus tôt, parce qu’il est impossible de finir plus tard. C’est ce que j’aurais préféré, mais en raison du régime pédagogique, on doit remettre les notes de fin d’année à une date précise en juillet », explique Mme Senécal.

Au collège Mont Notre-Dame, à Sherbrooke, on a adopté la relâche d’automne depuis environ cinq ans. C’était « un peu pour se démarquer », admet Éric Faucher, directeur général de l’école secondaire, mais aussi en raison d’une « certaine fatigue » des élèves et du personnel.

Depuis, on observe que cette semaine de congé a un « bénéfice très marqué », dit M. Faucher, qui remarque aussi que l’absentéisme est en baisse.

Tant chez les élèves que chez le personnel, l’énergie est bien meilleure pendant les dernières semaines de novembre et en décembre.

Éric Faucher, directeur général du collège Mont Notre-Dame

La pause en novembre est un « moment pour les élèves de se reposer, de relâcher, pour ensuite se rendre jusqu’à Noël », fait aussi remarquer Mme Senécal, du collège Sainte-Anne.

Peu d’effets sur les élèves

Professeur de sciences de l’éducation à l’Université du Québec à Rimouski, Jean Bernatchez observe que les semaines de relâche n’ont pas d’effet positif, ou négatif, sur les apprentissages et la persévérance scolaire.

C’est d’abord une question du consensus social, explique le professeur, qui rappelle que dans la région de Québec, des centres de services scolaires ont exploré l’idée d’une semaine de relâche à l’automne il y a quelques années, sans finalement l’appliquer.

« Ça peut être difficile de changer les choses. Si on veut agir sur le rythme scolaire, ça doit se faire sur un temps long. Par exemple, le ministère de l’Éducation pourrait prévoir que, d’ici cinq ans, on va raccourcir les vacances d’été et prévoir plus de congés pendant l’année scolaire », illustre M. Bernatchez.

La Fédération des centres de services scolaires du Québec indique qu’à sa connaissance, aucun centre de services scolaire n’a de semaine de relâche l’automne ou n’en étudie la possibilité.

Le calendrier bouge plus au privé

Si la relâche l’automne est plus populaire dans les établissements privés, c’est que ceux-ci ont des contraintes moins grandes, « moins de gens à consulter ». « Il est beaucoup plus facile [pour les écoles privées] de jouer dans le calendrier scolaire », fait observer M. Bernatchez.

Le professeur note que la question des rythmes scolaires est rarement soulevée au Québec, contrairement à l’Europe. En France, cette question a fait l’objet de discussions dans le cadre de la campagne présidentielle !

Pourquoi voudrait-on prendre congé en novembre, quand les journées raccourcissent et le temps se refroidit ? Ajouter une semaine de vacances à cette période permet aussi à certaines familles de partir en voyage à moindre coût, note-t-on chez les écoles qui ont choisi cette formule.

« Est-ce que les parents partent plus en voyage ? On pense que oui. Ça leur donne une semaine de plus, dans une période moins achalandée que la relâche du printemps », dit Éric Faucher, du collège Mont Notre-Dame, ajoutant que ce n’est pas ce qui a motivé l’ajout de cette semaine de congé.

« Dans notre milieu, il y a beaucoup de gens qui vont voyager », affirme également Isabelle Senécal.

Peu importe la manière dont l’horaire est aménagé, une chose demeure : tous les élèves de la province doivent être à l’école 180 jours par année.