(Montréal) Ma place au travail (MPAT), mouvement social devenu organisme militant pour l’accessibilité des garderies, fête samedi son premier anniversaire en manifestant devant l’Assemblée nationale.

« Ce dont on veut parler aujourd’hui, c’est le droit pour chaque enfant d’avoir une place de qualité et abordable en service de garde éducatif », a déclaré la coporte-parole de MPAT Evelyn Plante, en entrevue téléphonique.

Le gouvernement de François Legault avait annoncé en février qu’un total de 34 000 nouvelles places avaient déjà été octroyées sur les 37 000 promises.

Mme Plante « voit d’un bon œil » ces avancées, mais a souligné « l’urgence d’une solution immédiate » sous forme d’aide financière aux familles privées de revenus par l’absence de ressources.

« Le gouvernement pense que ces places-là vont arriver d’ici 24 mois si tout se passe bien […], mais quand on voit des parents qui ont déjà perdu leur emploi, qui ont déjà passé au travers de leurs économies, qui n’ont aucune option, qu’il va y avoir une place pour ton enfant peut-être dans 24 mois, bien ce n’est pas assez », a-t-elle fait valoir.

Selon elle, l’incapacité à placer son enfant en garderie passe entre les mailles du filet social, comme « la majorité des familles n’auront pas droit au bien-être social » comme leur situation n’est pas considérée comme assez précaire. De plus, pour accéder à l’assurance-emploi, « il faut que tu prouves que tu es en recherche d’emploi, ce qu’une mère qui n’a pas de garderie ne peut pas faire ».

Le Régime québécois d’assurance parentale (RQAP), lui, est jugé insuffisant. Depuis 2021, il peut s’étendre à 18 mois au lieu de 12. Par contre, « on a seulement allongé la période pendant laquelle on peut prendre le RQAP, mais le nombre de semaines payées demeure le même, donc il n’y a vraiment aucune aide », a précisé Mme Plante.

L’opposition sur les lieux

« Tous les partis de l’opposition » ont participé à l’évènement, a-t-elle souligné.

La cheffe libérale, Dominique Anglade, était accompagnée des députées Jennifer Maccarone, porte-parole pour la Famille, et d’Isabelle Melançon, porte-parole pour la Condition féminine.

Elle y a annoncé que son parti souhaite étendre les prestations du RQAP jusqu’au 18e mois après la naissance, pour couvrir la période jugée la plus critique quant au manque de place. Le résultat serait « une compensation qui serait de l’ordre de 1700 $ par mois, et ça, pendant une période de six mois additionnels », a affirmé Mme Anglade en entrevue téléphonique.

Elle compte aussi « faire de la place en service de garde un droit » au même titre que l’éducation et « convertir l’ensemble des places qui existent présentement » en cinq ans, pour que toutes coûtent 8,70 $ par jour.

Du côté de Québec solidaire, la coporte-parole Manon Massé, la porte-parole pour la Famille Christine Labrie et le porte-parole en matière de Services sociaux, Sol Zanetti, étaient présents.

« J’ai proposé cette semaine une prestation d’aide d’urgence de 870 $ par mois entre la fin du RQAP et le moment où l’enfant atteint 18 mois », a rappelé Mme Labrie en entrevue téléphonique, expliquant que c’est exactement « le montant qui est donné aux gens qui ont une contrainte temporaire à l’emploi ».

Elle a dit craindre que les places annoncées par le gouvernement se fassent attendre, comme elles ne valent rien s’il n’y a aucune éducatrice pour occuper le poste : « Ça va prendre plus de 15 000 éducatrices pour pouvoir offrir les places annoncées et en ce moment les inscriptions ne sont pas à la hauteur des besoins. »

Pour tous les partis d’opposition, le problème reste encore les conditions de travail du métier.

La porte-parole péquiste en matière de condition féminine, Méganne Perry Mélançon, a elle aussi participé à la manifestation et a dit vouloir en faire plus pour que chaque enfant puisse avoir une place subventionnée, au tarif unique.

Elle a critiqué l’appareil bureaucratique qui chapeaute la création de nouvelles places, « qui a l’air de ne pas être très bien organisé, avec des calculs désuets et qui manquent de souplesse ». Elle a cité un exemple gaspésien, où un projet de la municipalité de Grande-Vallée a été refusé entre autres à cause que des places étaient inoccupées à Murdochville, à une heure en voiture. « C’est irréaliste de demander à des parents de faire des deux heures de route [aller-retour] pour aller porter l’enfant », a-t-elle déclaré.

Par courriel, le cabinet du ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, a assuré que ce dernier « pose tous les gestes présentement pour s’assurer que l’accès aux services de garde ne soit plus un enjeu » et a rappelé le déploiement du Grand chantier pour les familles, pour 6 milliards sur cinq ans, qui prévoit « que chaque enfant puisse avoir une place d’ici mars 2025 ».

De plus, le projet de loi 1, quand il sera adopté, fera en sorte que « le gouvernement sera désormais obligé de développer des places dès le moment où il y aura un manque sur un territoire ».

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.