Après avoir connu les vagues de réfugiés ayant fui la guerre en Syrie ou venus à pied par le chemin Roxham, les centres de services scolaires de Montréal se disent prêts à recevoir des enfants venus d’Ukraine dans leurs écoles.

Le gouvernement n’a pas officiellement informé les écoles qu’elles devaient se préparer à accueillir plus d’enfants qu’à l’accoutumée, mais à partir du moment où il y aura au Québec un accueil organisé des réfugiés ukrainiens, « ce sera la vraie game », dit Réginald Fleury, conseiller pédagogique en éducation et en relations interculturelles au centre de services scolaire de Montréal (CSSDM).

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Réginald Fleury, conseiller pédagogique en éducation et en relations interculturelles au CSSDM

Kosovo, Syrie, Haïti : les crises humanitaires ont fait affluer leur lot de nouveaux élèves à Montréal.

En 2017, lorsque des milliers de demandeurs d’asile sont passés par le chemin Roxham, le CSSDM est intervenu auprès des organismes communautaires pour déterminer des quartiers où des écoles avaient été récemment agrandies, afin d’aider les familles dans leur recherche de logement.

Ce que nous apprend l’expérience des vagues syriennes et haïtiennes, c’est que c’est autour des communautés déjà présentes qu’on peut prévoir des arrivées [d’élèves].

Réginald Fleury, conseiller pédagogique en éducation et en relations interculturelles au CSSDM

Une centaine d’élèves nés en Ukraine fréquentent actuellement ce centre de services scolaire. S’ils sont plutôt éparpillés sur le territoire, on note une « petite concentration » dans des écoles des quartiers Rosemont–La Petite-Patrie et Notre-Dame-de-Grâce.

« La communauté ukrainienne est plus une communauté de deuxième et de troisième génération », fait observer M. Fleury.

Le centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSSMB) compte près du double d’élèves nés en Ukraine, soit 185. Là aussi, on se dit prêts à accueillir des élèves de ce pays qui trouveront refuge au Québec avec leur famille.

« Nous avons des antécédents en la matière et sommes bien préparés à faire face à ce type de situation », écrit Annie Bourassa, porte-parole du CSSMB. En 2015, ce centre de services a accueilli près de 500 enfants syriens. Les réfugiés ukrainiens « pourront compter sur des membres du personnel bien formés pour accompagner leur enfant dans le cadre de leur intégration », ajoute-t-elle.

Plus d’inscriptions depuis la réouverture des frontières

Le nombre de classes d’accueil a fortement diminué dans les écoles de Montréal en raison de la pandémie. Ces classes sont des lieux de passage, le temps que la maîtrise du français des élèves soit suffisante pour qu’ils puissent intégrer une classe ordinaire.

Au centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île, on note cependant une « recrudescence » des demandes d’inscription depuis l’ouverture des frontières à la fin de novembre. Depuis le 30 septembre dernier, 731 élèves ont été inscrits auprès du Bureau des communautés culturelles.

Au CSSDM, on se souvient qu’en 2017-2018, de 200 à 250 élèves pouvaient s’inscrire chaque semaine, soit « l’équivalent d’une école primaire ». Si une telle situation se présentait de nouveau, le centre de services assure qu’il pourrait de nouveau accueillir autant d’enfants.

« Nous pouvons ajouter rapidement du personnel pour l’inscription et l’évaluation des élèves, organiser les services éducatifs, obtenir le soutien d’interprètes et de spécialistes en soutien psychologique », explique Alain Perron, porte-parole du CSSDM.

« Effets indirects » sur les élèves

Au CSSDM, en ce moment, ce sont surtout les « effets indirects » de la guerre sur la centaine d’élèves nés en Ukraine qui préoccupent.

« On donne des informations aux enseignants, aux professionnels et aux directions pour les élèves qui seraient inquiets pour leurs familles et qui vivent de grands stress parce qu’ils auraient des proches là-bas », dit Réginald Fleury.

Le CSSDM appellera également ses directions d’école à la vigilance : des enfants ayant la nationalité canadienne qui ont passé toute leur vie en Ukraine pourraient revenir vivre au Canada.

« On veut s’assurer de ne pas échapper d’enfants parce qu’ils n’ont pas de passeport ukrainien, illustre Réginald Fleury. Ça vaudra la peine de poser la question : étiez-vous en Pologne ou en Hongrie ? »