La cote R est « la mesure connue la plus équitable », tranchent trois experts appelés à conseiller le Bureau de coopération interuniversitaire (BCI) sur les critiques émises plus tôt cette semaine par des acteurs du milieu collégial.

« Les points de vue exprimés publiquement ces derniers jours quant au caractère inéquitable de la cote R sont non fondés et biaisés », concluent les experts dans une lettre ouverte diffusée vendredi.

À la demande du BCI, ils ont examiné les récentes critiques émises par la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) à l’endroit de la cote de rendement collégial.

Rappelons que la FECQ réclamait une « enquête rigoureuse » sur la cote R, dont elle doutait de la fiabilité, dans son avis pour une réforme des admissions universitaires. Elle s’appuyait notamment sur des simulations réalisées par la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) en 2019, qui avaient décelé une variation de la cote R selon la force du groupe.

Or, ces simulations « ne tiennent pas la route », argue l’un des signataires de la lettre, Richard Guay. « Il y a des erreurs de calcul, il y a des morceaux, des compréhensions de la cote R qui ne sont pas là », a affirmé le chercheur consultant à La Presse.

« [Ces points de vue] ne font malheureusement qu’alimenter les inévitables rumeurs qui accompagnent toute mesure d’évaluation, qui minent la confiance des étudiants envers l’équité procédurale de l’admission universitaire et qui peuvent conduire ceux-ci à des choix de programmes ou d’institutions qui ne reposent que sur des illusions », peut-on lire dans la lettre.

Le calcul de la cote R a déjà fait l’objet de révision, rappelle M. Guay. La plus récente était en 2017. Mais encore faut-il que les biais reprochés soient démontrés, soutient-il.

« On ne dit pas que la cote R est parfaite. Et à chaque fois que des gens ont réussi à démontrer qu’il y avait des biais, ils ont toujours été pris en compte », souligne-t-il.

L’expert admet toutefois que la pandémie a perturbé la notation des étudiants et ainsi fragilisé la cote R, ce que redoutaient la FECQ et la FNEEQ-CSN. Or, en pleine période d’inscriptions pour le trimestre d’automne prochain, quels sont les recours dont disposent les universités ?

« On met de côté la cote R ? On s’appuie sur quoi ? Il faut tenir compte du rendement scolaire, mais on sait que les notes, c’est complètement vicié pour comparer les étudiants », insiste M. Guay.

La FECQ maintient sa position

En réaction à la lettre, la FECQ a maintenu sa position. « Ce qu’on a soulevé dans l’avis, ce sont des simulations qui permettent de douter de la fiabilité de la cote R. Nous, on considère que c’est ce quelque chose de sérieux sur lequel il faut se pencher », a rétorqué son président, Samuel Vaillancourt.

Mais pas via le BCI. La FECQ réclame plutôt une enquête qui en soit indépendante.

De son côté, la FNEEQ-CSN a réitéré sa confiance aux chercheurs qui ont mené ces simulations. Et si elle a réclamé cette semaine un moratoire sur l’utilisation du nouveau calcul de la cote R, elle a rappelé qu’elle ne souhaitait pas la rayer complètement.

« Nous répétons qu’il s’agit d’un outil, mais d’autres facteurs doivent aussi être considérés », a souligné Yves de Repentigny, vice-président de la FNEEQ — CSN, responsable du regroupement cégep.