Les nouvelles directives sanitaires dans les garderies reposent sur des tests rapides pas toujours disponibles, déplore le milieu. Au terme d’une longue série de revirements pour les éducatrices et les parents, Québec est revenu une fois de plus ces derniers jours sur ses consignes dans les garderies.

« On a une stratégie qui s’appuie sur des tests rapides absents », déplore Geneviève Bélisle, directrice générale de l’Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE).

Québec a officiellement publié jeudi soir la nouvelle marche à suivre dans les milieux de la petite enfance sur les recommandations de la Santé publique.

La période d’isolement pour les enfants atteints de la COVID-19 et pour ceux en contact avec un cas positif domiciliaire a été réduite à cinq jours. Pour les cas positifs, les enfants devront présenter un résultat négatif à un test rapide au terme des cinq jours et ne pas avoir de fièvre depuis au moins 24 heures avant de réintégrer le milieu de garde.

Un enfant symptomatique recevant un résultat négatif à un test rapide « doit poursuivre son isolement et faire un [autre] test rapide 24 à 36 h plus tard, a écrit à La Presse Marie-Louise Harvey, porte-parole du ministère de la Santé et des Services sociaux. Si ce deuxième test est négatif, l’enfant peut retourner à l’école. » De plus, les groupes resteront ouverts même si un cas positif est détecté.

En janvier et en février, le ministère de la Famille distribuera 1,7 million de tests par mois. Ces autotests seront mis à la disposition des parents. Depuis samedi, le personnel des garderies figure sur la liste des clientèles prioritaires à l’accès des tests de dépistage PCR.

La moitié des centres de la petite enfance (CPE) n’ont cependant pas reçu la quantité nécessaire de tests rapides pour approvisionner les familles, estime l’AQCPE.

Selon les régions, les établissements attendent les précieuses livraisons ou n’en ont reçu qu’une partie. À Québec, des CPE auraient été informés que « le réseau de la santé n’était pas en mesure de livrer les tests, car ils en manquent », affirme Geneviève Bélisle.

Même problème à Montréal et en Outaouais. « Je trouve que les [nouvelles] consignes sont bonnes et logiques. Ce qui est malheureux, c’est qu’elles sont applicables dès maintenant, mais on n’a pas les tests », déplore Chantal Massie, directrice générale du CPE Trois Petits Points, à Gatineau. À sa connaissance, aucune garderie ni aucun CPE de sa région n’avait reçu vendredi les autotests promis.

De son côté, l’Association des garderies privées du Québec (AGPQ) affirme que les livraisons se déroulent bien, mais qu’elles prennent du retard dans certaines régions.

Difficile à suivre pour les parents

À la sortie du CPE Les Ateliers, vendredi soir, Eli Goutaudier avoue qu’il n’a pas eu le temps de s’informer des nouvelles directives concernant les garderies. « C’est difficile à suivre », dit-il en attachant sa petite fille sur le banc arrière de son VUS, au chaud.

C’est sûr que le yo-yo, ce n’est pas évident, mais tout change partout. Que ce soit au niveau de la garderie, du gouvernement, des voyages.

Eli Goutaudier, dont la fille fréquente le CPE Les Ateliers

En l’espace de deux semaines, les mesures sanitaires dans les garderies auront changé pas moins de trois fois. Fin décembre, le gouvernement avait exempté les enfants et les éducatrices qui avaient été en contact avec un cas positif de s’isoler avant de faire marche arrière.

Mère de deux enfants, Imen, qui a préféré ne pas donner son nom de famille, fait peu de cas des changements de directives. « Forcément, il faut s’adapter. Je trouve que ça a du sens que ça change, que ça évolue avec le temps », estime-t-elle. Et la période d’isolement réduite à cinq jours fait plutôt son affaire : « Je trouve que c’est bien pour les enfants de revenir [à la garderie] plus tôt, surtout que je travaille à la maison. »

Un énième changement

De leur côté, des éducatrices déplorent les tergiversations du gouvernement. Dans un communiqué, la Fédération de la santé et des services sociaux, affiliée à la Confédération des syndicats nationaux, a décrié un « énième changement d’approche », qui finit « par perdre tout le monde ».

Selon l’AGPQ, la confusion qui régnait ces dernières semaines dans les milieux de la petite enfance était « inacceptable ». « Ce n’est pas en envoyant des messages qui changent tout le temps qu’on rassure nos employés et la population », tranche sa porte-parole, Mona Lisa Borrega.

5

Nombre de jours d’isolement pour les enfants et le personnel présentant des symptômes ou ayant été en contact avec un cas positif domiciliaire. Un retour au travail sera possible une fois les symptômes disparus, même sans résultat négatif

10

Nombre de jours d’isolement pour le personnel non vacciné présentant des symptômes ou ayant été en contact avec un cas positif domiciliaire

Source : Gouvernement du Québec