(Montréal) Une éducatrice en service de garde enguirlandée parce qu’elle demande à un parent de venir chercher son enfant fiévreux. Une secrétaire d’école qui doit appeler un parent deux fois, trois fois, et qui fait face à un parent en colère, le poing sur la table.

Comme d’autres travailleurs en lien direct avec le public, le personnel de soutien scolaire a aussi été victime d’insultes depuis le début de la pandémie de la COVID-19.

Selon un sondage réalisé pour le compte de la Fédération du personnel de soutien scolaire, affiliée à la CSQ, 26,8 % des 1402 employés de soutien qui ont répondu à la consultation ont affirmé avoir remarqué un accroissement de la violence depuis le début de la pandémie.

De même, 47,2 % ont remarqué un accroissement de l’impolitesse et 50,2 % un accroissement de l’impatience des gens à leur égard.

Les gens sont frustrés et se défoulent sur un employé qui n’y est pour rien dans le choix des consignes à faire appliquer, a déploré en entrevue Éric Pronovost, président de cette fédération affiliée à la Centrale des syndicats du Québec. Ce sont alors des secrétaires d’école, des éducatrices en service de garde, des employés d’entretien qui écopent.

« Une secrétaire d’école s’est fait dire par un parent :’mange de la marde, je vais le chercher rien qu’à cinq heures’ », relate M. Pronovost, qui énumère d’autres exemples.

« Vous ne savez pas vous occuper des enfants. Prenez-le et mettez-le dans un local à part. Vous êtes mal organisés », proteste un autre parent.

« Si tu penses que je vais revenir demain », lance un autre parent, avec un coup de poing sur la table.

Des ouvriers spécialisés d’entretien ont aussi remarqué plus de vandalisme dans des écoles secondaires, relate M. Pronovost.

Si ce regain d’impatience et de violence est plus souvent l’apanage des élèves, soit dans 59,7 % des cas, il provient aussi des parents, parfois des collègues de travail ou des supérieurs.

M. Pronovost défend ses membres, qui gagnent en moyenne 28 000 $ par année et qui, dans bien des cas, travaillent à temps partiel, sont à statut précaire. « Et ils se font dire qu’ils sont gras durs, avec leurs vacances d’été », déplore le dirigeant syndical.

Manque de main-d’œuvre

À ses yeux, une partie du problème réside dans le manque de main-d’œuvre. Par exemple, il y avait trop peu d’employés pour accueillir les élèves, les surveiller, s’occuper d’eux aux services de garde et dans les écoles, alors que les consignes sont changeantes.

« Est-ce que c’est normal que dans le contexte de pandémie, j’avais encore des éducatrices qui ont gardé un poste de sept heures par semaine ? Pourquoi ne pas l’augmenter à 20 ou 22 heures par semaine pour venir compenser, pour donner une aide additionnelle ? » a demandé M. Pronovost.

Le gouvernement a beaucoup pensé aux enseignants, aux préposés aux bénéficiaires, argue-t-il, mais les employés de soutien scolaire aussi se sont dévoués dans le contexte de la pandémie.

La Fédération du personnel de soutien scolaire représente 33 000 membres travaillant dans des écoles du Québec.