Deux choses frappent en arrivant au pavillon Saint-Louis de l’école des Cascades, à Rawdon : la lumière, qui entre à flots, et les conduits de ventilation, peints en vert.

Inaugurée à la rentrée 2019, cette nouvelle école n’est pas privée. C’est un établissement public, accueillant 425 élèves du primaire dans un milieu loin d’être huppé. Le ministère de l’Éducation classait l’école des Cascades (qui comprend aussi le pavillon Sainte-Anne, un autre établissement primaire de Rawdon) au rang 8 sur 10 de l’indice du seuil de faible revenu et au rang 9 sur 10 de l’indice de milieu socio-économique, en 2019-2020. Le rang 10 est considéré comme le plus défavorisé.

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Deux classes peuvent être réunies pour faire du co-enseignement. « On espère que l’école dure au moins 100 ans, dit Thomas Gauvin-Brodeur, architecte associé chez Leclerc. C’est un bien public qui est fait pour durer. »

C’est Alexandre De Montigny, père de deux élèves fréquentant le pavillon Saint-Louis, qui a invité La Presse à visiter les lieux. « On a une belle école moderne, dit-il. L’équipe est super et s’est adaptée aisément à la pandémie. Mis à part les couvre-visages, rien n’est anormal… »

Système de ventilation performant

La COVID-19 touche durement les écoles du Québec. Plus de 475 classes étaient fermées pour prévenir la propagation du virus, pour le seul jour du 17 mars 2021. Le pavillon Saint-Louis n’est pas épargné par magie, mais seules deux classes ont été fermées depuis la rentrée – c’est moins qu’ailleurs.

La nouvelle école – un investissement de 17,9 millions de Québec – a été conçue à partir de 2017, par un consortium formé de Leclerc architectes et B+B architecture et design. C’était avant qu’on sache prononcer le mot coronavirus. Mais avec ses larges corridors, son vaste gymnase double et son système de ventilation performant, elle rend la vie en pandémie plus douce.

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« Ce que j’aime, c’est que le gymnase est gros, dit Émile Babin, élève de la classe de 5e et 6e années du pavillon Saint-Louis. On peut le diviser en deux sections. J’aime aussi la bibliothèque : il y a des bancs cool et des coussins où s’asseoir. » L’accès au gymnase peut se faire directement de l’extérieur, ce qui facilite son partage avec la communauté.

« Au pavillon Saint-Louis, on a été des précurseurs, dit Stéphane de Varennes, ingénieur de la firme de génie-conseil Bouthillette Parizeau, qui a travaillé au projet. On s’est assurés de respecter toutes les normes de ventilation, en prenant celles qui étaient les plus exigeantes. Ces normes sont maintenant les nouvelles normes officielles du ministère de l’Éducation. »

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Le système de ventilation du pavillon Saint-Louis est impressionnant. S’il tombe en panne, pas de panique : il est possible d’ouvrir les fenêtres.

L’air de l’école est changé six fois par heure. « Il y a un apport d’air frais venant de l’extérieur qui est jumelé à ça pour assurer la qualité de l’air », précise Stéphane de Varennes. Le pavillon Saint-Louis est aussi à l’avant-garde en économie d’énergie et en développement durable. « On est de loin supérieurs aux exigences minimales du Ministère », dit l’ingénieur.

Cloisons amovibles

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Alexandre De Montigny, parent bénévole, montre comment une ouverture peut être créée entre deux classes. Seul hic : ces cloisons isolent moins bien du bruit qu’un mur ordinaire.

Pour ce qui est de son architecture, le pavillon Saint-Louis est représentatif des nouvelles écoles qui sont construites au Québec – ce qui est une bonne nouvelle. « Là où il y a eu une innovation, c’est qu’on a appliqué un processus de conception intégré », indique Thomas Gauvin-Brodeur, architecte associé chez Leclerc. Cela veut dire que tous les intervenants concernés – enseignants, direction, élèves – se sont creusé la tête pour imaginer l’école de demain.

La possibilité de décloisonner les classes a divisé les troupes, si bien qu’un compromis a été trouvé. Dans chaque classe, un des murs est amovible, pour permettre à deux titulaires de réunir leurs groupes afin de faire du co-enseignement.

Rencontres au puits

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Les corridors sont larges et lumineux.

Autre particularité, les locaux des professionnels sont répartis dans le bâtiment au lieu d’être regroupés à un seul endroit. « Ça évite l’espèce de walk of shame des élèves qui se déplacent dans l’école pour aller voir l’orthopédagogue ou la psychoéducatrice », souligne Thomas Gauvin-Brodeur.

Au lieu d’être centralisées près de l’entrée, les toilettes et fontaines d’eau sont aussi disséminées dans l’école. « La grande mode en ce moment, surtout en période de pandémie, c’est d’avoir des éviers dans chacune des salles de classe, dit Thomas Gauvin-Brodeur. On a plutôt créé des points de service au cœur d’un groupe de quatre classes. » C’est moins cher et ça permet de socialiser, en temps normal. « C’est comme se rencontrer au puits », illustre l’architecte.

« Plus technologique et à la mode »

Les élèves interrogés dans la classe de 5e et 6e années de l’enseignant Jean Trudel apprécient leur nouvel environnement. Surtout après avoir fréquenté la précédente (et vétuste) école Saint-Louis, démolie en janvier 2020. « Avant, c’était plus vieux et délabré. Aujourd’hui, l’école est plus technologique et à la mode », témoigne Heidi Roy.

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« Avant, c’était plus vieux et délabré », témoigne Heidi Roy, qui a connu l’ancienne école Saint-Louis, démolie en janvier 2020.

Quand tu regardes l’école de dehors, tu ne te dis pas : ‟Ark, je n’ai pas le goût d’y aller”.

Heidi Roy, élève du pavillon Saint-Louis

« Il y a plus de flexibilité, plus de matériel : on a des bancs-champignons et des poufs, indique Louca Bournival-Gariépy. On peut sauter de la butte de neige en éducation physique, aller dans les classes extérieures pour lire et faire des activités dans le petit bois à côté de l’école. »

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L’une des classes extérieures du pavillon Saint-Louis. « C’est une école qui est très axée sur les jeux extérieurs », indique Thomas Gauvin-Brodeur.

Chanceux, les élèves du pavillon Saint-Louis ont en effet accès à deux vraies classes en plein air, dans la cour. Ils bénéficient aussi de la bonne volonté d’enseignants qui les font sortir, notamment en éducation physique, où patin et planche à neige sont au programme. « L’école, c’est l’effet wow, mais c’est l’équipe qui fait le climat », souligne Mélanie Grenier, directrice par intérim de l’école des Cascades.

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Mélanie Grenier, directrice par intérim de l’école des Cascades, dans le gradin de béton préfabriqué qui mène à la salle polyvalente où dînent les élèves.

« On s’en va vraiment dans le bon sens »

Avis à ceux qui rêvent d’enseigner ou d’étudier dans une école avec un « effet wow » : bon nombre de rénovations, d’agrandissements et de constructions d’école sont prévus. « On s’en va vraiment dans le bon sens, assure Thomas Gauvin-Brodeur. Ça fait depuis 2010 que je fais de l’architecture scolaire et j’ai vu une évolution. On n’a pas tout l’argent requis, mais on a quand même l’argent pour bien faire les choses. Il n’y a jamais eu autant d’investissements dans les infrastructures scolaires. La volonté du ministère de l’Éducation, c’est de faire du bâtiment durable, à long terme, pour favoriser la réussite éducative. »

Pas de garantie contre les virus

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Si les conduits de ventilation sont peints en vert au pavillon Saint-Louis, « c’est parce que les enfants sont très intéressés par le fonctionnement d’un bâtiment, observe Thomas Gauvin-Brodeur, architecte associé chez Leclerc. Ça leur permet de les voir. »

« Je ne suis pas sûr qu’on peut tirer des conclusions à partir d’un seul établissement », observe François Breault, président du Syndicat de l’enseignement du Lanaudière, qui représente 2200 enseignants. C’est vrai, il y a peu de cas de coronavirus au nouveau pavillon Saint-Louis de Rawdon. « Mais il y a une autre école, Le Préambule à Saint-Charles-Borromée, qui est de même année de construction, grosso modo avec le même nombre d’élèves, indique-t-il. Dans cette école, il y a eu davantage de groupes fermés, facilement deux ou trois fois plus qu’à Rawdon. » Il suffit que trois enfants d’une même famille soient contaminés pour que trois classes ferment… Il reste qu’il vaut mieux fréquenter une école nouvelle qu’une ancienne, surtout si la qualité de l’air y est mauvaise. « Depuis un an, on a compris qu’il y a différentes façons de freiner la COVID-19, dit l’ingénieur Stéphane de Varennes. La filtration de l’air en est une. » Dans les écoles neuves, la filtration « n’est pas optimale comme dans un hôpital, reconnaît-il. Cependant, elle va aider grandement à freiner la propagation ».