(Québec) Une pétition a été lancée sur le site de l’Assemblée nationale pour défendre la liberté universitaire, qui serait malmenée dans certains établissements.

La pétition demande au gouvernement de déposer un projet de loi qui garantirait la liberté d’enseignement.

C’est une retraitée de Saguenay, France Morin, qui est à l’origine de ce projet. Le député péquiste de Jonquière, Sylvain Gaudreault, a accepté non seulement de parrainer la pétition, c’est-à-dire de la déposer en Chambre, mais aussi de la promouvoir.

La pétition demande au gouvernement de défendre le droit des professeurs « de faire des recherches et de transmettre des savoirs » à l’abri de toute « contrainte doctrinale » ou de « pressions extérieures ».

En entrevue avec La Presse Canadienne lundi matin, Mme Morin a exprimé ses inquiétudes concernant le climat actuel dans les campus universitaires.

Selon elle, les professeurs devraient être totalement libres de « parler de ce qui s’est fait, de ce qui s’est dit et de ce qui s’est écrit » à notre époque contemporaine comme aux époques antérieures.

Des « balises claires »

Les professeurs ont besoin de cette liberté académique pour bien enseigner l’Histoire, entre autres, a-t-elle poursuivi. Elle réclame des « balises claires » pour défendre la liberté d’expression.

Mme Morin dit comprendre les susceptibilités des gens qui se disent offensés par certains mots ou épisodes historiques, mais selon elle, il ne faut pas pour autant les passer sous silence. Elle est contre l’interdiction de certains mots.

« Il faut se rappeler d’où on vient, a expliqué Mme Morin. Il ne faut pas oublier les erreurs qui ont été commises dans le passé. Il faut être capable de les nommer parce qu’elles ont existé, on ne peut pas faire comme si ce n’était jamais arrivé. Donc en les nommant, en les acceptant, on fait en sorte qu’on ne les répétera pas. »

« Avec les nuances »

Lui-même ancien enseignant du collégial, le député Sylvain Gaudreault soutient également qu’il doit être permis de prononcer certains mots délicats « avec les nuances nécessaires ».

Il a évoqué entre autres son pèlerinage à l’île de Gorée, au large du Sénégal, qui lui a fait pendre conscience de l’histoire de l’esclavage. Un prof doit pouvoir tout aborder, car on ne peut bannir des mots ou des époques, selon lui.

« C’est pour être capable de développer une culture générale, un sens critique envers le monde qui nous entoure. Un mot peut être chargé aujourd’hui, mais il faut être capable d’expliquer son contexte, ce qu’il signifie. C’est le rôle premier des universités. »

Une loi-cadre qui rappelle les principes de la liberté d’expression en contexte universitaire permettrait de protéger les professeurs et chargés de cours.

« Ce n’est pas à moi de dire au prof quoi faire, a conclu M. Gaudreault. La seule chose que je peux faire à titre de parlementaire, c’est d’œuvrer pour garantir une liberté académique. Ce serait un contresens de dire quoi enseigner, cela ne m’appartient plus. »

Samedi dernier, dans un message publié sur sa page Facebook, le premier ministre François Legault affirmait qu’« une poignée de militants radicaux » allaient trop loin en censurant des mots et des œuvres dans les universités. Il a dit que son gouvernement allait se pencher sur cet enjeu.