(Montréal) Une consultation sur la réussite à l’enseignement supérieur commence lundi, alors que le taux d’obtention d’un diplôme y stagne depuis 10 ans.

Le ministère de l’Enseignement supérieur juge ce taux « particulièrement bas et préoccupant à l’enseignement collégial ». Il a donc lancé un Chantier sur la réussite en enseignement supérieur, qui se tiendra du 1er au 5 février.

La consultation n’inclut pas la santé mentale en temps de pandémie, qui a fait l’objet d’une autre consultation, les 26 et 27 janvier.

Le ministère explique que ce chantier a été lancé « pour résoudre divers enjeux liés à l’accès à l’enseignement supérieur, à la persévérance des étudiants dans leur projet de formation et à leur réussite ».

Étudiants

Pour les étudiants de cégep, la réussite est intimement liée à la « condition étudiante » et la précarité financière.

« Les conditions dans lesquelles évolue la personne qui est étudiante vont nécessairement affecter ses apprentissages, sa prédisposition à réussir », a fait valoir en entrevue la présidente de la Fédération étudiante collégiale, Noémie Veilleux.

Elle explique qu’un étudiant qui vit de l’anxiété parce qu’il doit travailler en plus d’étudier, pour arriver à joindre les deux bouts, pourra plus difficilement se concentrer sur ses études. Il sera peut-être moins motivé et cela diminuera ses chances de réussite..

La FECQ revendique donc une aide financière aux études bonifiée. La ministre Danielle McCann a déjà annoncé l’ajout de 300  millions pour cette aide.

« On s’est approché du coût de la vie » avec cette aide supplémentaire, concède Mme Veilleux. Mais elle craint que la somme ne soit pas pleinement récurrente.

Rehausser la réussite passe aussi par l’amélioration des conditions de logement des étudiants, fait-elle valoir. Elle souligne que 30 % des étudiants au collégial sont locataires et que trop peu ont accès à des résidences au cégep.

Pour une Commission Parent 2.0

Du côté de la Fédération des enseignants de cégep, affiliée à la CSQ, la présidente Lucie Piché invite à ne pas voir la réussite qu’avec des taux, des chiffres seulement.

Elle souligne par exemple que les cégeps accueillent beaucoup plus de jeunes avec des besoins particuliers ou avec un handicap qu’avant. Et cela a un effet sur le taux global de réussite, puisque ces jeunes font face à plus d’obstacles que les autres.

« On a augmenté l’accessibilité au cégep », ce qui n’est pas nécessairement une mauvaise chose, fait-elle valoir.

Bien que Mme Piché accueille favorablement ce Chantier sur la réussite, elle croit qu’il faudrait mener une réflexion plus large sur l’éducation, « une Commission Parent 2.0 ».

« Si on ne réfléchit pas globalement à l’éducation, au sens de l’éducation, à sa place, bien on va juste mettre des mesures : “on les additionne et là, vous êtes censés augmenter vos taux de réussite avec ça, parce que vous avez mis tant de mesures”. Il faut réfléchir plus globalement à l’accessibilité et à la réussite », plaide Mme Piché.

Pour les fins de ce Chantier sur la réussite, des invitations ont été envoyées aux fédérations étudiantes, aux organisations syndicales, à tous les établissements d’enseignement collégial et universitaire, ainsi qu’aux organismes représentatifs, a précisé le ministère.

Note aux lecteurs : Dans une version précédente, La Presse Canadienne indiquait erronément que la présidente de la Fédération des enseignants de cégep était Lucie Pagé. En réalité, il s’agit de Lucie Piché.