(Montréal) Après avoir passé deux semaines à faire l’école à distance après le congé des Fêtes, les jeunes du secondaire retournent pour la plupart voir leurs enseignants en personne, ce lundi. Les élèves de troisième à cinquième secondaire feront encore l’école de la maison une journée sur deux en zone rouge, mais tous devront maintenant troquer le couvre-visage qu’ils avaient l’habitude de porter pour un masque médical.

C’est la principale mesure sanitaire adoptée par le gouvernement pour cette réouverture des écoles secondaires : chaque jour, on fournira deux masques médicaux (appelés « masques de procédure ») aux élèves. Le ministère de l’Éducation estime que c’est 4,7 millions de masques qui seront ainsi distribués chaque semaine dans les écoles. La livraison, nous a-t-on dit, a débuté il y a une semaine, et tous les masques devaient en théorie être dans les écoles à la fin de la semaine dernière.

Marie-France Raynault, cheffe du département de médecine préventive et santé publique du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), qualifie le masque médical de « grosse différence » dans les mesures de protection appliquées dans le réseau scolaire.

« Le masque de procédure protège les autres et nous protège aussi. C’est vraiment plus confortable que les couvre-visage, donc je m’attends à une meilleure adhésion », dit la Dre Raynault. Dans les circonstances, elle ne se dit pas inquiète de ce retour en classe.

Le directeur de l’école secondaire des Hauts-Sommets, à Saint-Jérôme, estime lui aussi que c’est une bonne chose que l’on fournisse des masques médicaux aux élèves, et ce, même si le port du couvre-visage est obligatoire depuis le début du mois d’octobre dans les écoles situées en zone rouge.

« Les jeunes n’arrivaient pas avec des cache-cou, mais on ne sait pas de quelle façon est confectionné leur couvre-visage. Parfois, ils ne le lavent pas et ne le changent pas souvent : je pense qu’il y a une volonté d’avoir quelque chose de toujours aseptisé », dit Danis Carignan.

Le seul port du couvre-visage a eu un impact sur le nombre de cas, croit pour sa part le directeur d’une école secondaire de la région de Montréal. Il y a eu des éclosions de COVID-19 dans son école avant que le port du masque ne soit rendu obligatoire, mais depuis, seuls quelques cas isolés se sont déclarés.

Fournir des masques médicaux n’est plus qu’une simple formalité, explique celui qu’on ne peut nommer parce qu’il n’est pas autorisé à parler aux médias.

Une certaine logistique s’impose néanmoins. Certaines écoles ont mobilisé des équipes pour faire la distribution des masques tous les matins, tandis que d’autres ont choisi d’en donner une dizaine à chaque élève au début de la semaine, en faisant le pari qu’ils ne seront pas oubliés à la maison.

Un retour bénéfique pour les élèves

Au-delà des mesures sanitaires, c’est de manière générale une bonne idée de ramener les élèves du secondaire en classe, et l’effet sur leur motivation sera positif, dit Jonathan Smith, professeur à la faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke.

Tout juste avant le confinement de mars 2020, il a sondé une centaine d’élèves d’une école secondaire publique de Québec pour connaître leur motivation à l’école. Fort de ces données recueillies avant la pandémie, il a voulu connaître l’impact qu’avait eu l’interruption de l’école sur ces mêmes élèves et les a sondés à nouveau au mois de novembre.

« La littérature dit que la motivation diminue tout au long du cheminement scolaire, donc je m’attendais à voir un déclin chez ces élèves. Mais, à ma grande surprise, tous les indicateurs de motivation à l’école, comme l’intérêt pour les apprentissages et le sentiment de compétence, sont restés stables », dit Jonathan Smith.

Après plusieurs mois passés à la maison le printemps dernier, les élèves ont donc été motivés par le retour de l’automne. « Peut-être que les élèves sont revenus en classe en se disant qu’enfin ils voyaient leurs amis, qu’ils retrouvaient le soutien de leur enseignant », avance le professeur. Les relations chaleureuses sont un « important déterminant » de la motivation à apprendre, ajoute Jonathan Smith.

Il y a des risques à laisser les adolescents à la maison, rappelle la Dre Marie-France Raynault. Elle nuance toutefois : oui, l’école est importante pour la socialisation des jeunes, mais dans un contexte de pandémie, il ne faudrait pas « exagérer » à propos de cette socialisation en dehors de l’école.

« On considère que l’école est importante, donc il faut la protéger. Si on respecte les bulles, qu’on porte le masque en classe et qu’on s’en va passer le reste de l’après-midi chez des amis, on multiplie les risques », explique la Dre Raynault.

Elle en appelle notamment aux parents pour rappeler à leurs enfants les règles sanitaires et estime que le couvre-feu imposé par Québec leur donnera un coup de pouce. « Des parents me disent que c’est plus facile d’interdire aux adolescents de sortir après le souper. Ils ont une bonne raison, il y a des conséquences financières et la discussion ‟mes amis le font, pourquoi je ne peux pas le faire ?” s’y prête moins », conclut Marie-France Raynault.