En tout temps, les portes des classes devront rester ouvertes. Les fenêtres, elles, devront être ouvertes avant les cours, entre les périodes et après la dernière cloche dans les écoles sans ventilation mécanique, c’est-à-dire dans les deux tiers des écoles du Québec.

C’est ce que préconise la Santé publique du Québec dans une position exposée en point de presse vendredi par le DRichard Massé, conseiller médical stratégique de la Direction générale de santé publique.

La Santé publique « n’interdit pas, mais ne recommande pas non plus » l’achat de purificateurs d’air, comme cela s’est fait dans certaines écoles anglophones de la région de Montréal.

Selon le Dr Massé, ceux qui en utilisent déjà devront démontrer que ces appareils sont utilisés adéquatement et qu’ils ne sont pas plus nuisibles que bénéfiques, et ce, autrement que par la simple garantie du fabricant.

Les 20 experts consultés estiment que ces appareils ne doivent pas être la solution choisie.

Le Dr Richard Massé, conseiller médical stratégique de la Direction générale de santé publique

Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation, a par ailleurs évoqué en point de presse les résultats des tests de la qualité de l’air (mesure des taux de dioxyde de carbone) effectués en décembre dans une école sur dix au Québec (330 établissements sur un peu plus de 3000 au Québec).

Cet indicateur, a-t-il souligné, est important dans la mesure où il permet de connaître « la qualité de la ventilation et l’apport d’air frais dans un local ».

Trois mesures devaient être prises par les centres de services scolaires : avant le début du cours, au milieu du cours et avant la fin du cours.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

À la fin des cours, 62,8 % des classes ventilées naturellement ont présenté un taux de dioxyde de carbone sous le seuil de 1000 parties par million (ppm). Dans les locaux ventilés mécaniquement, le taux a plutôt atteint 74 %.

Pour M. Roberge, « les résultats sont quand même assez encourageants ».

Dans le document lui-même (une fiche de renseignement portant l’en-tête du ministère de l’Éducation), les taux de dioxyde de carbone calculés dans les classes ont été qualifiés de « satisfaisants ».

Dans la fiche de renseignement du ministère de l’Éducation, il est précisé que les valeurs les plus problématiques, celles de plus de 2000 ppm, ont été enregistrées dans 42 classes ; elles provenaient de 34 écoles ventilées naturellement et de 8 écoles ventilées mécaniquement.

Le ministre Roberge a assuré que les correctifs nécessaires avaient été apportés, mais il n’a pas dit que les parents et le personnel de ces établissements avaient été prévenus.

Les premiers résultats étant encore tout frais, M. Roberge a dit qu’on ne savait pas encore s’il y avait une corrélation entre les écoles mal ventilées et celles qui ont vécu des éclosions de COVID-19.

En point de presse, le ministre a précisé que les 330 écoles ayant fait l’objet de tests étaient aussi bien des écoles vétustes que des écoles récentes.

Catherine Beauvais-St-Pierre, présidente de l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal, voudrait pouvoir consulter la liste des écoles où les tests ont eu lieu.

« À Montréal, on n’a pas eu accès aux données, même si on les a demandées. Certains collègues d’autres centres de services les ont eues. Ça nous préoccupe, on sait qu’à Montréal, nos écoles sont très vieilles, on a lésiné pendant plusieurs années sur l’entretien, on a des problèmes de qualité de l’air. »

Reconnaissance du rôle des aérosols

Le Dr Massé a aussi relevé qu’un rapport publié vendredi par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) reconnaît le rôle des aérosols dans les transmissions, mais un rôle limité.

Dans le document de l’INSPQ, il est précisé que « les données expérimentales et épidémiologiques disponibles soutiennent une transmission par aérosols à proximité ».

Cependant, enchaîne-t-on, la COVID-19 se transmet « principalement lors de contacts rapprochés entre les personnes, à moins de 2 mètres de distance, et prolongés durant plus de 15 minutes ».

Le risque de transmission, estiment les auteurs du rapport à la lumière des études existantes, est donc « augmenté dans les espaces restreints, ventilés de façon inadéquate, à forte densité d’occupants et lorsque la durée d’exposition est prolongée ».

Véronique Hivon, porte-parole du Parti québécois en matière d’éducation, demeure sceptique à ce sujet précis.

Le gouvernement ne met pas en place de mesures correctrices pour la ventilation, bien qu’il reconnaisse finalement la transmission par aérosols.

Véronique Hivon, porte-parole du Parti québécois en matière d’éducation

Manifestement piqué par les commentaires entendus au point de presse du jour, le centre de services scolaire Lester-B.-Pearson a publié un communiqué de presse en fin de journée. Il y souligne que l’achat des purificateurs d’air HEPA pour l’ensemble de ses 17 écoles et centres à ventilation naturelle a été basé « sur les pratiques éprouvées d’autres pays du monde » et sur diverses études universitaires.

Notons que pour pouvoir rouvrir, les cabinets de dentistes ont dû acheter des purificateurs d’air.

— Avec la collaboration de Marie-Eve Morasse, La Presse