(Montréal) Le ministre Jean-François Roberge détaillera vendredi son plan de réouverture des écoles. Au menu : la qualité de l’air dans les classes, le tutorat pour les élèves en difficulté, la réorganisation pédagogique et la santé mentale des jeunes. La Presse a demandé à des acteurs du réseau scolaire quelles sont leurs préoccupations pour la suite des choses. Tour d’horizon.

Marie Contant

Enseignante à l’école de l’Étincelle, à Montréal, qui accueille des jeunes de 4 à 12 ans atteints de l’un des troubles du spectre de l’autisme avec déficience.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

« Quand est-ce que les écoles, plus particulièrement les écoles spécialisées, auront accès à des tests salivaires rapides ? », se demande Marie Contant, enseignante.

« Dans mon école, il est impossible que les enfants portent le masque. Nous sommes en très grande proximité avec les élèves toute la journée : nous en avons qui ne sont pas autonomes pour leur alimentation, leurs déplacements, d’autres qui sont en couche, mordent ou crachent. Nous sommes à mi-chemin entre une école et un milieu de la santé et nous aimerions avoir accès à des tests sur une base hebdomadaire, comme dans le milieu de la santé, pour nous et nos élèves. Quand est-ce que les écoles, plus particulièrement les écoles spécialisées, auront accès à des tests salivaires rapides ? »

Éric Deguire

Directeur général du Collège St-Jean-Vianney, président de l’Association des directrices et directeurs généraux des établissements scolaires de l’enseignement privé

PHOTO FOURNIE PAR LE COLLÈGE ST-JEAN-VIANNEY

Éric Deguire, directeur général du Collège St-Jean-Vianney

« Tous les spécialistes disent que ça va prendre de deux à trois ans avant de se remettre pédagogiquement et psychologiquement de cette pandémie. La santé mentale est un enjeu tant chez les jeunes et qu’au sein du personnel. Il y a de l’anxiété, on ne sait jamais ce qui s’en vient. Il y a moyen de faire autrement, de préciser les attentes maintenant. On comprend qu’on est en pandémie, mais pourquoi ne pas faire un plan de match immédiatement pour la fin de l’année scolaire et les deux prochaines années ? Va-t-on alléger le programme ? Se concentrer sur les savoirs essentiels ? »

Patricia Clermont

Porte-parole du Mouvement Je protège mon école publique, mère de deux filles en 3e année et en 1re secondaire 

« Je vois autour de moi des parents qui sont contents que leurs enfants retournent à l’école, mais qui sont inquiets. On dirait qu’on n’assume pas collectivement qu’en rouvrant les écoles, on prend un risque pour la santé de tout le monde. Ma peur, c’est qu’en ouvrant une école, on ouvre un foyer de propagation. Le gouvernement est-il en train de pallier le problème des aérosols – qui sont de plus en plus admis et mis de l’avant – par des masques, seulement parce qu’on n’est pas capables de faire de la distanciation physique dans les écoles ? Si c’est ça, je suis vraiment inquiète. »

Nancy Granger

Professeure à la faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke

« Le ministre affirme que les centres de services scolaires ont tout ce qu’il faut pour mettre en place des mesures musclées pour accompagner les élèves en difficulté. On entend que l’argent est rendu, or, ces mesures peinent à être mises en place, notamment au secondaire. Comment se fait-il que plusieurs enseignants aient l’impression que sur le terrain, rien n’a véritablement changé ? »

Janot Pagé

Mère de trois enfants de 10, 12 et 15 ans

« J’ai deux grandes sportives qui sont au secondaire. Elles sont débrouillardes, trouvent de quoi s’amuser sans leur sport, mais ce n’est pas pareil. La motivation descend, les notes aussi. Il y a des jeunes qui s’en sortent très bien, mais d’autres qui sont en train de se planter. Quels sont les plans du ministre sur l’aide directe qui sera apportée aux jeunes, par exemple pour l’aide aux devoirs ? Il repousse toujours en disant : on va attendre le premier bulletin. Et sur l’accessibilité aux sports, qu’en est-il ? »

Lucie*

Technicienne en service de garde depuis 22 ans

« Je suis contente du retour à l’école des enfants, mais je m’inquiète pour ma santé et celle de mes éducatrices. Je ne veux pas m’approprier le langage des travailleurs de la santé, mais c’est inquiétant de travailler “au front”. On met à risque notre santé. Ce n’est pas vrai qu’on peut toujours être à deux mètres des élèves et que toutes les écoles ont été testées pour la ventilation. On n’a pas de consignes claires de M. Roberge, on doit toujours se fier à notre interprétation. Je présume que le masque sera obligatoire pour les 5e et 6e année au service de garde, mais on ne le sait pas. Le personnel des écoles sera-t-il priorisé dans la vaccination ? »

* Parce que son employeur lui interdit de parler aux médias, la technicienne a demandé que son nom soit modifié.