La grève générale illimitée est déclenchée dans 400 centres de la petite enfance (CPE) du Québec. Plus de 43 000 enfants devront se faire garder par des grands-parents, des voisins ou des parents en télétravail tant et aussi longtemps que Québec et les syndiqués ne parviendront pas à une entente.

« Depuis l’annonce de la grève la semaine dernière, les négociations ont malheureusement peu progressé », a indiqué Stéphanie Vachon, représentante du secteur CPE à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), dans un communiqué de presse diffusé au terme de la journée de négociations, mardi.

Le gouvernement a déjà accordé d’importantes hausses de salaire aux éducatrices, mais la FSSS-CSN souhaite que les augmentations soient aussi offertes aux cuisinières, ainsi qu’au personnel de l’entretien et de bureau (voir capsule).

Sur le terrain, le personnel des CPE préparait les parents à ce que le débrayage dure plusieurs jours. « Comme nous ignorons combien de temps nous serons en grève, n’oubliez pas de prendre tous les vêtements et accessoires de vos enfants », indiquait une affiche dans la porte d’un CPE de l’ouest de Montréal.

Julie Gauvin, qui a un garçon de 2 ans en CPE, dit appuyer les revendications des intervenantes, mais elle déplore que la grève soit utilisée comme moyen de pression.

La gestion des jours de grève, c’est un stress énorme sur nos épaules de parents. Nous sommes chanceux que les grands-parents soient à la retraite et puissent nous éviter de brûler toutes nos journées de maladie.

Julie Gauvin, mère d'un garçon de 2 ans

Cathy Martin, elle, réussissait à organiser son horaire quand la grève durait un ou deux jours par semaine. Elle se sent moins solidaire des intervenantes en CPE depuis qu’elle sait que son quotidien sera chamboulé pour une durée indéterminée.

La mère d’un garçon de 3 ans n’a pas trouvé d’autre solution que d’amener son fils à son lieu de travail. « Je vais travailler pendant que lui va jouer aux autos, faire des dessins, des coloriages. Mais je ne serai pas là à 100 % parce que je serai 50 % maman et 50 % employée », se désole-t-elle.

Québec veut une entente négociée

La FSSS-CSN espère que les négociations vont se poursuivre sans interruption pendant la grève. « Le but est d’en venir à une entente satisfaisante pour tout le monde le plus rapidement possible afin que la grève soit levée et que les parents et les enfants retrouvent leurs éducatrices et leur CPE », affirme Lucie Longchamps, vice-présidente responsable des secteurs privés à la FSSS-CSN.

À Québec, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a martelé mardi qu’elle n’avait pas l’intention d’avoir recours à une loi spéciale pour régler le conflit. « Mais une entente, ça se fait à deux. Les syndicats doivent cesser de constamment changer leurs demandes aux tables de négociation », a-t-elle déploré.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

La présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel

Mme LeBel répondait aux questions de la leader parlementaire de Québec solidaire, Christine Labrie, qui lui demandait de retirer « sa menace de loi spéciale ». La semaine dernière, Sonia LeBel avait affirmé que cela faisait « partie des outils » pour mettre fin au conflit avec les travailleuses des CPE.

Le premier ministre, lui, a assuré être « très près d’une entente avec les éducatrices en garderie », mais admet qu’il existe un point en litige au sujet des autres employés.

Là où il y a un problème, c’est pour les employés de soutien, la demande est disproportionnée par rapport à ce que nous, on offre.

François Legault, premier ministre

La Fédération des intervenantes en petite enfance (FIPEQ-CSQ) a également voté pour un mandat de grève générale illimitée la semaine dernière, mais aucune date de débrayage n’a encore été annoncée. Plus de 8000 enfants fréquentant 130 CPE pourraient être touchées par la grève de ce syndicat.

« On met tout en œuvre pour régler et pour éviter la grève générale illimitée parce qu’on sait que ça cause des problèmes aux parents et des pertes financières pour nos intervenantes », a dit Valérie Grenon, présidente de la FIPEQ-CSQ, mardi.

Celle-ci s’est dite « confiante » que les négociations aboutiront bientôt. Elle n’a toutefois pas écarté le déclenchement de la grève la semaine prochaine « si ça ne bouge pas ».

Salaires et échelons

Selon l’offre de Québec, les éducatrices toucheraient de 21,38 $ à 28,31 $ l’heure au 10e échelon. Le gouvernement propose d’ajouter deux autres échelons à l’échelle, qui en compte présentement 10, pour porter le salaire horaire à 30,03 $ au 12e échelon. La FIPEQ, par exemple, demande de 22,85 $ l’heure à 30,29 $ au 10e échelon. Pour les « autres » travailleuses, la FIPEQ affirme que les employés de soutien des CPE affichent un retard de 20 à 35 % par rapport à leurs pairs du secteur public, selon le titre d’emploi.

La Presse Canadienne

En chiffres

11 000

Nombre de travailleuses et travailleurs de CPE en grève

10

Nombre de jours de grève dans les CPE représentés par la FSSS-CSN depuis le début des négociations

Source : FSSS-CSN

Appel à tous

Serez-vous touchés par la grève générale illimitée qui commence ce mercredi dans 400 CPE du Québec ? Comment organiserez-vous votre quotidien pour la garde de vos enfants ? Appuyez-vous le moyen de pression des travailleuses de CPE ? Cette grève vous semble-t-elle justifiée ?

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