« Ça suffit. » Cours d’éducation physique dans le froid, casiers rouillés, fenêtres qui ne s’ouvrent pas, odeur de renfermé : après 67 années, un pavillon de l’école des Monarques, à Montréal, est arrivé à la fin de sa vie utile et sera démoli pour laisser place à une école neuve. Une chance que tous n’ont pas, rappelle la directrice.

Situé dans le quartier Rosemont, le pavillon Marie-Rollet de cette école primaire accueille 350 élèves de maternelle, première et deuxième année. Jeudi, Québec a annoncé qu’il accordait un financement de plus de 30 millions pour démolir le bâtiment vétuste et reconstruire à neuf.

En point de presse dans le gymnase de l’école – qui fait aussi office de bibliothèque –, la ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal, Chantal Rouleau, s’est dite heureuse de faire l’annonce « dans ce lieu, ce lieu… ».

Les qualificatifs lui ont échappé.

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Chantal Rouleau, ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal

« Ce lieu qui va changer », a finalement dit la ministre. Le bâtiment sera construit selon les nouvelles normes de Québec pour les écoles de « nouvelle génération », que l’on veut ouvertes sur leur communauté, lumineuses, avec des cours embellies.

« La méthode la plus efficace »

La Presse a révélé cette semaine que, comme ceux de l’école des Monarques, 5000 élèves du centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) devront quitter temporairement leur école d’attache le temps que des travaux de rénovation se fassent. Dans ce seul centre de services, 191 bâtiments (sur 268) sont jugés en très mauvais état.

« La vétusté est une plaie à laquelle nous répondons rapidement », assure la ministre Rouleau. « Parfois, on doit choisir la méthode la plus rapide, la plus économique, la plus efficace pour faire des changements. On se pose la question : doit-on démolir, mettre ça à terre et recommencer ? », explique-t-elle

« Ça n’a pas de sens »

Mais actuellement, dans quelles conditions les élèves qui fréquentent cette école apprennent-ils ? La directrice, Julie Simard, en énumère quelques-unes.

« Il y a des travaux. Dans le gymnase, il fait froid, donc les enfants doivent porter un chandail quand ils font de l’éducation physique l’hiver. Ça n’a pas de sens. Des planchers se soulèvent. Des fenêtres ne s’ouvrent plus. Dans les salles de bain, l’urine s’incruste, l’odeur peut rester », dit Julie Simard, qui ajoute que « ça suffit ».

  • Le pavillon sera démoli pour faire place à une école neuve.

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    Le pavillon sera démoli pour faire place à une école neuve.

  • Les élèves devront quitter temporairement l'école, pendant les travaux.

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    Les élèves devront quitter temporairement l'école, pendant les travaux.

  • « Dans les salles de bain, l’urine s’incruste, l’odeur peut rester », affirme la directrice, Julie Simard.

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    « Dans les salles de bain, l’urine s’incruste, l’odeur peut rester », affirme la directrice, Julie Simard.

  • « Dans le gymnase, il fait froid, donc les enfants doivent porter un chandail quand ils font de l’éducation physique l’hiver. »

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    « Dans le gymnase, il fait froid, donc les enfants doivent porter un chandail quand ils font de l’éducation physique l’hiver. »

  • « Des planchers se soulèvent. »

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    « Des planchers se soulèvent. »

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Le conseil d’établissement de l’école a appris il y a quelques jours que les élèves seraient délocalisés à la prochaine rentrée. Lisa-Marie Girard, dont la fille est en première année, en est membre et s’en réjouit.

« C’est quelque chose qu’on attend depuis longtemps. Tous les parents ont à cœur d’avoir pour leurs enfants un milieu de vie sain et agréable », dit Mme Girard. Elle souhaite que les élèves qui seront délocalisés puissent se rendre à pied à leur école temporaire.

La délocalisation, un moindre mal

Quand la nouvelle école sera construite, en 2024, si tout va comme prévu, la directrice de l’école rêve d’une bibliothèque, de locaux spécialisés. Dans ce contexte, la délocalisation des élèves pour quelques années est un moindre mal, dit-elle.

« On est chanceux, c’est tombé sur nous. Mais il ne faut pas oublier les autres écoles, les autres bâtiments », rappelle Julie Simard.

Aux parents dont les enfants fréquentent des écoles vétustes, la ministre Rouleau dit que son gouvernement fait des « investissements massifs » pour leur offrir des écoles « dignes de ce nom ».