(Montréal) La Fédération des intervenantes en petite enfance vient de déposer une plainte au tribunal à l’encontre du gouvernement du Québec, à cause des augmentations de salaire pour les éducatrices qui ont été décidées unilatéralement le 14 octobre dernier.

La FIPEQ, qui est affiliée à la CSQ, allègue une entrave aux activités syndicales, puisque les augmentations de salaire font partie des clauses qui sont normalement négociées entre les parties, et non décidées unilatéralement.

Qui plus est, ces augmentations de salaire destinées aux éducatrices ont été annoncées en pleine négociation des conventions collectives.

L’article 12 du Code du travail du Québec stipule en effet qu’un employeur « ne cherchera d’aucune manière » à entraver les activités d’une association de salariés.

Or, à titre d’agent négociateur, il revient au syndicat de négocier les conditions de travail de ses membres avec l’employeur, rappelle la FIPEQ dans sa requête au Tribunal administratif du travail, dont La Presse Canadienne a obtenu copie.

« Le Conseil du trésor et le ministre de la Famille, en imposant une condition de travail non négociée et qui par ailleurs a fait l’objet d’un dépôt dans le cadre du processus de négociation, forcent les membres représentés par les Demandeurs à accepter cette proposition patronale qu’ils ont jugée par ailleurs inacceptable », affirment la FIPEQ et ses syndicats dans leur requête.

Ils rappellent également que lorsque les ministres Sonia LeBel (Trésor) et Mathieu Lacombe (Famille) ont annoncé en conférence de presse l’augmentation de salaire, le 14 octobre, ils l’ont justifiée par l’urgence de donner un meilleur salaire aux éducatrices. Or, la pénurie d’éducatrices existait bien avant le 14 octobre, fait valoir la partie syndicale.

Dans leur plainte d’entrave, la FIPEQ et ses syndicats allèguent également que les ministres ont voulu les discréditer et remettre en cause leur utilité à titre d’agent négociateur.

« L’article 12 du Code du travail protège la FIPEQ-CSQ et les syndicats demandeurs de toute conduite portant atteinte à leur crédibilité et à leur capacité à défendre les intérêts de leurs membres et notamment ceux des éducatrices », écrivent-ils.

Le 14 octobre, les deux ministres avaient annoncé que même si la négociation avait cours depuis quelques mois avec les différentes organisations syndicales, ils tenaient à verser dès maintenant une partie des augmentations de salaire offertes en juillet.

Ils avaient bien indiqué que les négociations se poursuivraient tout de même. Et ça a été le cas.

La négociation se poursuit

D’ailleurs, la FIPEQ, qui devait avoir une autre rencontre de négociation avec les négociateurs gouvernementaux vendredi dernier, a vu la séance annulée.

Ça avait également été le cas de la Fédération de la santé et des services sociaux, affiliée à la CSN, mercredi dernier.

Les deux organisations syndicales attendent une réponse gouvernementale à leur contre-proposition qui avait été déposée, dans le but de rapprocher les parties.

Le salaire et la durée de la semaine de travail sont au cœur du litige.

Les organisations syndicales revendiquent des augmentations plus généreuses non seulement pour les éducatrices, mais aussi pour les autres travailleuses dans les Centres de la petite enfance : éducatrices spécialisées, travailleuses à la cuisine, à l’administration, à la désinfection.

Québec veut toutefois prioriser les éducatrices, à cause de la pénurie et du fait qu’elles sont sous-payées, de son propre aveu.

Québec veut également inciter les éducatrices à adopter la semaine de 40 heures, plutôt que de 32 à 36 heures, comme c’est le cas actuellement. Pour y parvenir, il offre une prime de 50 $ par semaine.