Pendant que le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, a vanté son gouvernement, « un gouvernement qui, pour la première fois depuis une vingtaine d’années, veut vraiment régler » les problèmes dans les services de garde, des éducatrices en CPE débrayaient encore.

Le ministre de la Famille a fait l’objet vendredi d’une interpellation sur les services de garde par les partis d’opposition.

Ceux-ci ont bien tenté de le faire parler de la négociation des conventions collectives avec les différents syndicats de travailleuses dans les Centres de la petite enfance, mais il n’a pas voulu entrer dans le détail.

Il a simplement répété que son gouvernement proposait justement un rattrapage salarial aux éducatrices. Il a écorché au passage les libéraux qui, lorsqu’ils étaient au pouvoir, leur avaient accordé des augmentations de 1 % par année, parfois moins de 1 %, ou 2 %.

Le ministre de la Famille a admis que les éducatrices « ne sont pas assez payées », « pas à la hauteur de leurs compétences ».

« La négociation, elle n’est pas terminée. Les syndicats ont des demandes ; le gouvernement a des demandes. Une négociation, c’est une conversation et là, on est en plein milieu de la course. Je suis confiant qu’on arrivera à s’entendre », a-t-il conclu.

Pour le reste, il s’est surtout attardé à parler des 37 000 places que son gouvernement veut déployer, du processus qu’il a simplifié pour en développer.

Il a aussi souligné l’entente qu’il est effectivement parvenu à conclure avec les RSG, ces Responsables de services de garde en milieu familial. Celles-ci ont effectivement vu la subvention qu’elles touchent croître de 30 % pour leur garderie à domicile.

Manque de respect

La députée péquiste Véronique Hivon lui a toutefois rappelé qu’il y avait une « désertion massive » de la profession, un manque d’inscriptions dans les programmes d’études. « Le gouvernement lui-même a dit qu’il manquait 17 800 éducatrices au bas mot », a-t-elle rappelé.

La députée Christine Labrie, de Québec solidaire, a qualifié de « manque de respect » le fait que le gouvernement cherche à les convaincre, par des primes, d’accepter la semaine de 40 heures.

« Nos héroïnes ne sont pas reconnues à ce titre », a lancé le député libéral Marc Tanguay.

Déçues et en grève

Pendant ce temps, les travailleuses de CPE membres de syndicats de la Fédération des intervenantes en petite enfance, affiliée à la CSQ, tenaient une autre journée de grève vendredi.

Elles ont d’ailleurs écouté l’interpellation du ministre dans des salles de cinéma au Québec, à l’invitation de la FIPEQ. Et elles n’ont pas été impressionnées par les réponses du ministre.

« Vous nous prouvez à quel point vous ne nous considérez pas », a dit l’une d’entre elles. « Vous n’offrez aucune réponse à nos questions sur nos conditions de travail », a critiqué une autre.

Le litige

Les principaux points en litige portent sur le salaire et la durée de la semaine de travail.

Les syndicats de travailleuses dans les CPE revendiquent des augmentations plus généreuses, non seulement pour les éducatrices, mais aussi pour les travailleuses qui les épaulent, à la cuisine, à la désinfection, à l’administration, en plus des éducatrices spécialisées.

Québec veut les inciter à adopter la semaine de 40 heures, par le biais d’une prime de 50 $ par semaine. À l’heure actuelle, plusieurs font de 32 à 36 heures.

La semaine prochaine, ce sera au tour des travailleuses des CPE membres du Syndicat québécois des employés de service, affilié à la FTQ, de débrayer, mardi et mercredi.