(Montréal) La Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF) a lancé cette semaine une série d’ateliers de formation sur les violences conjugale et sexuelle, destinés aux futurs policiers et travailleurs sociaux.

En tout, de 450 à 500 étudiants de cinq cégeps de partout au Québec recevront une formation de deux heures intitulée « Vers une société égalitaire et sans violence : la tournée des cégeps alliés », où ils pourront aussi discuter avec des intervenants d’expérience.

« Il y en a, des mythes sur la dynamique » des relations abusives, explique la responsable du projet, Élisabeth Viens Brouillard, en entrevue téléphonique. Elle espère que les futurs agents puissent « mieux mener des interventions et mieux accompagner les victimes ».

Selon elle « le manque de formation en matière de violences sexuelles, des violences conjugales et de la santé mentale, c’est vraiment le nerf de la guerre ».

La première classe qu’elle a visitée, lundi, comprenait des étudiants de deuxième année en technique policière au cégep de l’Outaouais. « Ils n’avaient pas encore vu le cycle de la violence conjugale, qui est assez primaire et important à savoir », a-t-elle dit, ajoutant que le sujet « avait l’air très nouveau pour eux ».

« La différence avec un conflit, une chicane, je voyais que ça aussi c’était assez gris, donc on a dû vraiment en parler plus en profondeur. »

Elle juge néanmoins que la séance « s’est très bien passée ».

« Ça a été très constructif, nous avons eu de belles discussions. »

Une formation en continu

Cela ne veut pas dire que les agents sur le terrain ne connaissent pas bien ces enjeux, nuance la responsable des communications et relations avec la communauté du Service de police de la Ville de Gatineau (SPVG), Mariane Leduc. Une sergente-détective du SPVG a d’ailleurs été invitée pour partager son expérience lors de l’atelier de lundi.

Même après avoir terminé ses trois ans de cégep, un aspirant policier « va à l’École nationale de police (du Québec). Ensuite, quand il est embauché dans un service de police, on lui donne une formation. Après ça, il est encadré, et tous nos policiers ont des journées de formation obligatoires à chaque année sur une variété de thématiques », explique-t-elle. Les violences conjugale et familiale font d’après elle partie des enjeux abordés, tout comme « l’approche centrée sur les victimes ».

Plus pour l’avenir

Les ateliers, financés par le Secrétariat à la condition féminine du Québec, seront répartis sur plusieurs mois, dans les cégeps de l’Outaouais, Garneau, de Trois-Rivières, de Sherbrooke et d’Ahuntsic. Ils seront donnés à des classes de technique policière, de techniques de travail social, de techniques d’éducation spécialisée et de technique d’intervention en délinquance.

« Nous espérons que, l’année prochaine, nous allons pouvoir offrir une journée complète de formation », et ce, dans un plus grand nombre d’établissements, a souhaité Mme Viens Brouillard.

Elle aimerait aussi étendre le programme à d’autres domaines. « Il y a plusieurs personnes qui me contactent, notamment des enseignants en communication », dont les étudiants deviendront éventuellement des journalistes et devront pouvoir « utiliser les bons mots et être capables de bien nommer une situation de violence » dans leurs articles.

Le Québec a déploré la semaine dernière son 17e féminicide de l’année, avec le meurtre de la Montréalaise Romane Bonnier, 24 ans, par son ex-conjoint.

Pendant ce temps, le projet de loi 92, qui vise à créer un « tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de violence conjugale », est à l’étude à l’Assemblée nationale.

Si vous ou l’un de vos proches vivez une situation de violence conjugale, vous pouvez appeler SOS violence conjugale au 1-800-363-9010 pour obtenir du soutien et parler à des intervenants. Il s’agit d’une ligne anonyme et sans frais disponible en tout temps.

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.