(Montréal) La grève dans les Centres de la petite enfance s’étend, alors qu’un syndicat qui n’avait pas encore débrayé jusqu’ici entre dans le mouvement.

Lundi et mardi, des travailleuses des CP Evenant du Syndicat québécois des employés de service (SQEES), affilié à la FTQ, tiendront leurs deux premières journées de grève dans plusieurs régions, dont Montréal, Québec, l’Outaouais, Laurentides, Lanaudière et la Montérégie.

Leur mandat en est un de 10 jours de grève.

« On est désolé des inconvénients pour les parents, mais les parents, ils nous soutiennent là-dedans. Ils sont conscients que pour conserver ce réseau-là, il faut qu’on reconnaisse la valeur du travail difficile, autant physiquement que psychologiquement que nos gens, les travailleurs et travailleuses en garderie, effectuent », a plaidé en entrevue Sylvie Nelson, présidente du SQEES..

Avant ce syndicat, d’autres travailleuses des Centres de la petite enfance venant de syndicats rattachés à la CSN et à la CSQ avaient débrayé, la semaine dernière.

Il y a même deux CPE qui sont touchés par une grève illimitée depuis mercredi dernier, à Port-Cartier et à Rouyn-Noranda. Il s’agit cette fois du syndicat des Métallos, affilié à la FTQ.

Québec augmente des salaires

Pourtant, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, et le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, ont annoncé qu’ils étaient prêts à augmenter dès maintenant, partiellement, le salaire des éducatrices dans les CPE.

À l’heure actuelle, le salaire d’une éducatrice qualifiée en CPE est de 19 $ au premier échelon et de 25,18 $ au dixième et dernier échelon. Elles détiennent pourtant un Diplôme d’études collégiales.

L’offre complète de Québec porterait les salaires, à la fin de la convention collective, à 21,38 $ au premier échelon et à 28,31 $ au dixième et dernier échelon, mais pour les éducatrices qualifiées seulement, pas pour les autres travailleuses du CPE.

Québec a annoncé qu’il était prêt à verser une partie de cette augmentation pour les éducatrices dès maintenant, en excluant la hausse qui est prévue en 2022.

Les négociations se poursuivent entre les parties. La ministre LeBel a déjà indiqué que son offre serait bonifiée, y compris pour l’aspect salarial.

Tant le SQEES que la Fédération des intervenantes en petite enfance de la CSQ doivent être à la table de négociation jeudi prochain.

Mme Nelson espère que Québec se rappellera que les CPE n’emploient pas que des éducatrices, mais aussi d’autres travailleuses, à la cuisine, à la désinfection, à l’administration. Elle a cité le cas d’une cuisinière qui, après 25 ans d’ancienneté, touche 20,16 $ l’heure.

Semaine de 40 heures

Comme bon nombre d’éducatrices ont actuellement une semaine de 32 à 36 heures, alors qu’on manque d’éducatrices, Québec veut les inciter à adopter une semaine de 40 heures.

Pour y parvenir, il offre une prime de 50 $ par semaine pour celles qui accepteraient de faire 40 heures - d’où le fameux 17 % d’augmentation, souvent cité, qui est en fait l’équivalent en pourcentage de ce montant forfaitaire qui s’ajoute aux augmentations de salaire de 12 %.

Ainsi, celles qui adopteraient la semaine de 40 heures toucheraient avec cette prime « l’équivalent » de 22,27 $ au premier échelon et de 29,20 $ au 10e échelon

Mais Mme Nelson fait valoir que cet incitatif pour une semaine de 40 heures « ne s’appliquerait pas à grand monde », à cause de la charge de travail déjà lourde.

« C’est très peu de monde qui font 40 heures présentement dans les CPE. Nos gens, ils font des huit heures et demie, des neuf heures. Ils font quatre jours-semaine. Et au bout de quatre jours-semaine, quand t’as fait neuf heures avec des enfants, avec des enfants ayant des besoins particuliers, avec des ratios bien souvent trop élevés, bien t’es au bout de ton rouleau », s’est-elle exclamée.